Les protestations ont éclaté à la fin du mois d’avril à Jérusalem et Tel-Aviv, après la diffusion d'une vidéo montrant des policiers passant à tabac un militaire israélien d'origine éthiopienne. Ces faits déplorables ont remis au premier plan le problème de racisme, déjà connu mais que jusqu’à lors beaucoup refusaient de voir. Les Juifs de couleur sont depuis des décennies une composante de la société israélienne malgré les mille difficultés qu’ils rencontrent chaque jour.
Les protestations ont éclaté à la fin du mois d’avril à Jérusalem et Tel-Aviv, après la diffusion d’une vidéo montrant des policiers passant à tabac un militaire israélien d’origine éthiopienne. Ces faits déplorables ont remis au premier plan le problème de racisme, déjà connu mais que jusqu’à lors beaucoup refusaient de voir.
Début mai, les manifestations de rue à Tel Aviv ont dégénéré en affrontements violents et ont fini par pousser Benjamin Netanyahu à condamner publiquement l’agression contre le soldat Damas Pakedeh. Le Premier ministre l’a d’ailleurs rencontré personnellement le 5 mai avec des représentants de la communauté éthiopienne. Cependant, les tensions ne sont pas retombées pour autant, le 18 mai dernier, à Tel-Aviv, un petit groupe de manifestants se faisait de nouveau entendre.
Les Juifs de couleur sont depuis des décennies une composante de la société israélienne. Beta Israël («la maison d’Israël») : tel est le nom par lequel ils souhaitent être appelés bien qu’ils soient également connus comme Falashas, mot amharique qui signifie « exilés » et porte une connotation péjorative. S’ils sont bien originaires du nord de l’Ethiopie, leur appartenance au peuple juif est très ancienne et pourrait remonter à l’époque du roi Salomon ; elle a été officiellement reconnue par le rabbinat israélien seulement en 1975.
En quelques mots, les Juifs éthiopiens ont émigré à Jérusalem, laissant derrière eux des conditions de vie difficiles marquées par la famine et la guerre. En 1984, l’Opération « Moïse Israël » au travers d’un pont aérien permit à huit mille Beta Israël de quitter les camps du Soudan où ils s’étaient réfugiés. 15 000 autres éthiopiens sont arrivés en 1991 avec l’Opération « Salomon » en accord avec les mêmes autorités d’Addis-Abeba. Aujourd’hui, les Beta Israël sont plus de 120 000 et leur intégration, en dépit de nombreux progrès, reste encore difficile: les discriminations se faisant sentir dans le milieu de travail, dans l’attribution des logements ou encore les mariages puisque les mariages mixtes avec des Israéliens d’autre provenance restent exceptionnels.
La société dont proviennent les Bêta Israël possédait des caractéristiques ancestrales bien différentes de celles de l’état d’Israël. Ainsi, l’histoire des Juifs éthiopiens n’a pas connu le Talmud et leur tradition a été transmise de père en fils, non pas de mère en fils comme indiqué dans le Talmud. D’un point de vue religieux, des frictions se posent également lors de la célébration des fêtes juives.
Insérés dans le marché du travail de leur nouveau pays, de nombreux hommes africains Israéliens ont vu leur statut périclité alors que les femmes, auparavant attachées au travail domestique de la maison, se sont progressivement émancipées. L’armée par exemple (y compris les filles) a été un facteur d’intégration. Cependant, les efforts déployés par les gouvernements successifs pour promouvoir l’insertion des juifs éthiopiens n’a pas donné les résultats escomptés. L’état d’Israël qui, durant des décennies, a accueilli des Juifs de différents pays et langues, vit encore les fractures entre citoyens juifs d’Europe, du Moyen-Orient, des anciennes républiques soviétiques, ainsi que les Arabes israéliens et les nouveaux immigrants en provenance du Sud du globe. Les attitudes xénophobes n’ont cessé d’augmenter ces dernières années et tout particulièrement envers l’immigration africaine non-juif qui choisit Israël comme destination ou transit ; ces attitudes illustrent un problème social récurrent et latent. Les médias font souvent référence aux abus dont sont victimes les Israéliens de couleur et le dernier épisode ne fait qu’exploser un mécontentement croissant qui présente des similitudes avec les protestations des Afro-Américains contre la police à Ferguson et à Baltimore, aux États-Unis.