Le premier regard que l’on porte sur Palmyre s’effectue, généralement, du château arabe du XIIe siècle qui se dresse sur une colline surplombant la ville antique. De là, au coucher du soleil, les ruines de l'immense cité de Zénobie émergent des sables tel un conte de fées. Reine, autoproclamée "empereur", Zénoblie avait réussi à réunir sous son autorité les provinces de Syrie, d'Arabie et d'Égypte au IIIème siècle avant d'être capturée, tout comme la ville de Palmyre, par l'empereur Aurélien. Dix huit siècles plus tard, Palmyre est tombée aux mains de l'Etat Islamique...
Le premier regard que l’on porte sur Palmyre s’effectue, généralement, du château arabe du XIIe siècle qui se dresse sur une colline surplombant la ville antique. De là, au coucher du soleil, les ruines de l’immense cité de Zénobie émergent des sables tel un conte de fées.
Cette vision a été éclipsée par la guerre (à l’œuvre depuis 2011) et ce, peut-être à jamais, de par la récente conquête du soi-disant État Islamique qui a occupé la ville moderne (à proximité du site archéologique) et mis en fuite les troupes Assad (nous passerons sous silence les faits également connus de décapitations de soldats faits prisonniers).
Mais pourquoi l’Etat Islamique nourrit-il un si grand intérêt pour Palmyre ?
Une première raison tient certainement à la médiatisation du lieu. En effet, les coupes gorges de l’Etat Islamique sont très attentifs à leur communication et savent que, malheureusement, en Occident, la destruction d’antiquités suscite parfois plus d’émois que la mort de désormais 200 000 Syriens. L’épisode de la destruction filmée des statues hittites de Mossoul, en Irak, qui a fait le tour du monde est un cas d’école. Nous sommes assurés que la destruction possible dans Palmyre ne manquera pas d’être enregistrée et diffusée par audio et vidéo.
Il y a ensuite une raison stratégique. Contrôler Palmyre s’est tenir l’ensemble du nord-est de la Syrie avec, notamment, les routes d’accès à l’Irak. Palmyre, qui fut déjà dans le passé une cité caravanière d’importance, est encore aujourd’hui le nœud reliant les routes régionales avec Homs, Hama et Alep, ou du moins ce qu’il en reste.
N’oublions pas les aspects économiques : la zone désertique autour de la ville est riche en pétrole, gaz naturel et phosphate. Comme ce fut le cas pour Raqqa et en Irak, l’Etat Islamique entend mettre à profit et tirer bénéfices de ces ressources. Il gère un véritable marché parallèle et illégal, que même ses opposants ne dédaignent pas compte tenu des bas prix affichés.
La dernière raison est liée au fleurissant marché noir de la vente d’œuvres d’art pillées ou volées. Sous les sables de Palmyre, de potentielles découvertes archéologiques sont disséminées. La ville vit maintenant sous couvre-feu et la population a fui en masse. On ne sait pas de quoi sera fait l’avenir de ce centre urbain, mais encore moins celui de l’un des sites archéologiques les plus importants au Moyen-Orient. Ce qui est certain, c’est que les richesses volées de Palmyre parcourront bientôt le monde entier. La splendeur de la mariée du désert est susceptible de disparaitre à jamais.