Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

La mauvaise graine de la haine anti-chrétienne

Terrasanta.net
16 juillet 2015
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable

Mgr David M. Jaeger, franciscain - Israélien converti - revient sur l'incendie du 18 juin dernier dans le sanctuaire chrétien de Tabgha en Israël. Terrasanta.net vous partage son témoignage poingnant qui appelle à l'action les chrétiens d'Israel.


Mgr David M. Jaeger, franciscain – Israélien converti –  revient sur l’incendie du 18 juin dans le sanctuaire chrétien de Tabgha en Israël pour souligner le devoir et rôle des citoyens chrétiens de l’Etat juif. Terrasanta.net vous partage son témoignage.

———-

La mauvaise graine de la haine anti-chrétienne

« Si je ne suis pour moi, qui le sera ? Mais quand je suis pour moi, que suis-je ? Et si ce n’est maintenant, quand le ferais je ? ». Voilà ce que l’on peut lire dans Les maximes des Pères, la Mishna* juive. Telle est la phrase qui m’est venue à l’esprit lorsque j’ai appris les nouvelles de l’incendie sacrilège du Sanctuaire de la Multiplication sur la rive du lac de Galilée. Toutes les autorités religieuses et civiles l’ont promptement et « rituellement » condamné. Les commentateurs se sont depuis plaints des forces de police qui ne parviennent, que trop peu souvent, à retrouver les auteurs des attentats commis contre des lieux de culte chrétiens. Me concernant, je n’émets pas le moindre doute sur la volonté de la police à identifier les criminels, et ce même avant qu’ils mettent à exécution un crime planifié. Il y a eu ceux qui préconisaient l’utilisation de méthodes d’investigation « spéciales » anti-terrorisme, mais pour ma part je doute que le Christ veuille être défendu par des moyens qui seraient – disons le ainsi – à la limite du moralement licite. Dans tous les cas, affronter le phénomène de la violence christianophobe, qu’elle soit physique ou verbale, n’est pas seulement ou principalement la mission de la police et encore moins une tâche qui peut être laissée à d’autres.

En 1977-1978, alors que j’étais secrétaire pour le rapprochement du Conseil de Chrétiens Unis en Israël, inquiet – avec d’autres croyants en Christ – des initiatives législatives antichrétiennes promues par un petit parti fondamentaliste mais susceptible de recueillir un large consensus, j’allai consulter l’un des membres du Parlement le plus vénéré de la vie publique Israélienne, Shulamit Aloni – parti des droits civils. Mme Aloni (décédée en 2014) me fit lire une paire de volumes contenant des comptes rendus de la commission parlementaire, cela foisonnait de «témoignages» d’activisme antichrétien. Du délire, semblable aux pires calomnies antisémites. À l’époque, nous étions en mesure de former des coalitions ad hoc d’organisations chrétiennes et juives qui purent arrêter les avancées législatives. Mais dans les sous terrains de la vie nationale, les propagateurs de haine sont toujours restés actifs, profitant de l’ignorance et de la crédulité du plus grand nombre mais aussi de notre inertie. En effet, nous n’avons pas été capables de rendre permanentes ces coalitions; nous n’avons pas, au sein de la société d’expression juive, une Église locale pleinement constituée qui puisse démontrer à la nation juive qu’être chrétien ce n’est pas être un «corps étranger» ou encore moins une «cinquième colonne»; une  réalité qui puisse être dite dans sa propre langue et au travers de l’expérience individuelle, qui puisse patiemment construire – dans une grande envergure – une coopération sincère avec ceux qui sont favorables à la pluralité religieuse comme idéal interne à la nation.

Bien sûr, cela ne diminue en rien la responsabilité d’autrui, mais nous ne devrions pas nous résigner à demeurer de simples victimes, renonçant à toute prise d’initiative clairvoyante. En effet et dans l’immédiat, il y aurait des mesures immédiates à prendre. Par exemple: combien se rendent compte que le nom couramment utilisé aujourd’hui, en Israël, pour Jésus est un acronyme de «à la fois effacé son nom et sa mémoire » soit Yeshu à la place du nom correcte Yeshu’a ? Les personnes bien attentionnées ne s’en rendent pas compte, mais pour les christianophones, qui le savent pertinemment, cet usage les conforte dans leur conviction erronée qu’ils expriment l’opinion de tous. Si nous insistions seulement sur ce point, que les livres scolaires et les médias abandonnaient cet acronyme offensif et utilisaient à la place le véritable nom hébreu: nous ferions alors un pas de géant. Mais si nous ne sommes pas pour nous, qui le sera pour nous? Et si nous nous contentons de rester seuls, qui serons nous? Et si ce n’est  maintenant, quand le ferons nous ?

Mgr. David M. Jaeger

La Mishna est la première et la plus importante des sources rabbiniques obtenues par compilation écrite des lois orales juives, projet défendu par les pharisiens, et considéré comme le premier ouvrage de littérature rabbinique.

Le numéro en cours

La Newsletter

Abonnez-vous à la newsletter hebdomadaire

Cliquez ici
Les plus lus