Depuis les années 2000, les écoles chrétiennes estiment faire l’objet de discriminations croissantes, qui se traduisent par la réduction des subventions à elles attribuées et l’exclusion de certains programmes gouvernementaux.
La rentrée scolaire s’annonce chaude en Israël. Les écoles chrétiennes de l’État hébreu entendent manifester leur mécontentement par un mouvement de grève. “Nos écoles sont discriminées” s’exclame frère Abdel Massih, ofm. Caméras et microphones sont tendus vers lui. Nous sommes au Ministère de l’éducation en mai dernier. Et le responsable du Bureau des écoles est venu donner un premier coup de semonce.
Depuis les années 2000, les écoles chrétiennes estiment faire l’objet de discriminations croissantes, qui se traduisent par la réduction des subventions à elles attribuées et l’exclusion de certains programmes gouvernementaux.
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La coupe est pleine, les écoles, soutenues par les évêques catholiques des différents rites, montent au créneau. C’est le frère Abdel Massih Fahim, ofm, directeur du Terra Sancta College de Ramleh et du Bureau des écoles, qui mène la fronde. “Nos établissements reçoivent 60 à 70 % des subventions qui leur sont dues, alors que certaines écoles religieuses juives, qui ont un statut équivalent au nôtre, reçoivent jusqu’à plus de 100 % !”, dénonce-t-il.
Identité menacée
Les diminutions graduelles des subventions, 45 % en moins ces dix dernières années, ont considérablement nui aux écoles chrétiennes en Israël. Pour y faire face, elles ont dû augmenter les frais de scolarité. Aujourd’hui les parents versent 4 500 shekels, soit 1 070 euros, par élève et par an. En dépit de négociations avec le Ministère de l’éducation, la situation est dans une impasse.
En plus des soucis financiers, les écoles craignent que les nouvelles directives gouvernementales ne nuisent à leur essence même : leur identité chrétienne. “Pour la désignation d’un directeur, il y aurait un concours ouvert à n’importe qui, sans respect pour l’esprit de l’institution. On nous a dit également que les municipalités auraient le droit d’organiser les manifestations qu’elles souhaiteraient, dans les locaux et à l’extérieur.
Il est impensable pour nous d’être utilisés à d’autres fins que pédagogiques ou religieuses” tonne frère Abdel Massih.
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“Le simple fait de voir un prêtre ou une religieuse est fondamental, explique Maha Khouriyeh, mère et professeure à l’école des Religieuses de Nazareth à Haïfa. Nous avons souvent des couvents et toujours une chapelle dans l’enceinte de l’école, chose qui disparaîtraient si nous devions passer au statut d’écoles ‘officielles’ (publiques) comme les autres écoles juives du pays”, a-t-elle confié. Un projet que le Bureau pense sous-jacent aux intentions du Ministère. “Le bon fonctionnement de nos écoles se mesure aux résultats de fin d’année. Les nôtres sont bien meilleurs” se félicite-t-elle.
4 des 15 meilleures écoles du pays sont chrétiennes
Il faut dire que les écoles n’hésitent pas à aller au-delà des programmes officiels. Elles proposent par exemple des heures supplémentaires et misent davantage sur l’apprentissage des langues étrangères.
Et les résultats sont quantifiables. Alors que la communauté représente moins de 2 % de la population israélienne, 4 des 15 meilleures écoles du pays sont chrétiennes. Souvent leurs résultats au diplôme officiel de l’État avoisinent les 100 %.
De plus ces écoles qui représentent 4 % des écoles secondaires forment 30 % des citoyens de langue arabe diplômés des universités israéliennes.“L’État les traite injustement, pour des raisons politiques et de vengeances historiques, a déclaré Ayman Odeh de la Liste arabe unie qui lui aussi était présent à la manifestation avec deux autres membres du parti. Nous voulons à la fois le revirement au sujet des subventions et être sur un pied d’égalité avec les autres écoles juives du pays” a-t-il résumé.
“L’Église a canonisé deux saintes palestiniennes qui ont joué un grand rôle dans l’éducation. Et nous voulons traduire cette force pour nous accrocher à notre identité arabe en tant que chrétiens”, a-t-il conclu. Le Bureau et les écoles restent mobilisés. Et il se pourrait bien que la rentrée commence par une grève des 30 000 étudiants et de tout le personnel éducatif.