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Cinq ans après le synode pour le Moyen-Orient

Frans Bouwen, m.afr.
30 septembre 2015
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Les développements des printemps arabes, survenus après la tenue du Synode des évêques pour le Moyen-Orient réuni par Benoît XVI en 2010, ont-ils rendu obsolète cet événement ecclésial ?


Il y a cinq ans, du 10 au 24 octobre 2010, se tenait à Rome l’assemblée extraordinaire du Synode des évêques pour le Moyen-Orient, sous le titre “Communion et témoignage”. Pour la première fois dans l’Histoire, quelque 180 évêques catholiques du Moyen-Orient se sont rassemblés autour de l’évêque de Rome pour réfléchir ensemble sur la situation et l’avenir des chrétiens dans cette région. Ils étaient accompagnés de nombreux délégués fraternels d’autres Églises, experts et auditeurs, prêtres, religieux, religieuses et laïcs.

Le pape Benoît XVI avait convoqué cette assemblée à la suggestion des évêques irakiens très préoccupés de la dégradation dangereuse de la situation des chrétiens dans leur pays suite à l’invasion américaine en 2003.

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Cette assemblée a été un véritable “événement ecclésial”. La rencontre elle-même s’est avérée dans la suite plus féconde que les textes publiés. Une meilleure connaissance réciproque et une plus grande solidarité fraternelle devaient devenir pour les participants non seulement leur meilleur souvenir mais aussi une force permanente face aux nouvelles difficultés qui n’allaient pas tarder à surgir.

Un paysage bouleversé

Certes, les textes de ce synode gardent toute leur richesse. Mais il faut reconnaître que les projets d’alors ont vite été comme dépassés par les événements. En effet, trois mois après la clôture du synode éclatèrent les soulèvements populaires au Caire qui aboutirent à un changement de régime. La Libye et la Syrie allaient suivre bientôt. Ce mouvement reçut alors le beau nom de “printemps arabe”.

Malheureusement les espoirs printaniers étaient bientôt accaparés par des forces extrémistes, exploitant souvent la religion pour justifier la violence et la suppression des libertés recherchées. Les nouvelles violences, dont les chrétiens étaient souvent les premières victimes, surtout en Égypte et en Syrie après l’Irak, créaient rapidement des situations d’une extrême précarité, question même de vie ou de mort.

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Les pasteurs n’avaient plus guère le temps d’étudier des textes ou de faire des programmes détaillés pour l’application du synode. Il fallait aller au plus urgent. A ce moment, il n’y a pas de doute, la mémoire de l’événement du synode les a inspirés et soutenus.

Tous étaient bien résolus à tout faire pour assurer l’avenir de la présence de l’Église du Christ dans les lieux qui l’ont vu naître. Mais il fallait bien reconnaître qu’en plusieurs endroits la fuite et l’émigration devenaient la seule possibilité de survie. Comment poursuivre alors la mission du témoignage chrétien qui se trouvait au cœur du synode ?

Dans l’axe

Cependant, si la communion, l’autre thème central, était parfois mise à l’épreuve, elle s’est approfondie et consolidée. L’entraide des fidèles et des communautés est admirable. La consultation et la collaboration entre les responsables chrétiens se sont imposées d’abord comme une nécessité, puis sont devenues le témoignage par excellence, celui que le pape François appelle l’œcuménisme du martyre.

Évêques, prêtres, religieuses et fidèles des différentes Églises, encore divisées canoniquement, vivent ensemble dans leurs corps le mystère de la Passion, de la mort et de la Résurrection du Christ avec une telle foi qu’il est permis d’espérer la naissance d’une nouvelle communauté chrétienne dans la région, en vertu justement de la force de la Résurrection du Christ et du feu de l’Esprit.

Le synode pour le Moyen-Orient n’est pas oublié. L’expérience ecclésiale vécue ensemble et les nouvelles possibilités entrevues alors par les participants continuent à les animer au milieu des souffrances et leur donnent la force de continuer d’espérer que le Seigneur pourra encore de nos jours assurer un avenir nouveau et insoupçonné pour son peuple.

Dernière mise à jour: 19/11/2023 21:53

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