Dans certaines régions du Moyen-Orient, les chrétiens sont appelés à disparaître d'ici quelques années. Tel est le vibrant appel qui ressort du rapport sur les chrétiens opprimés pour leur foi entre 2013 et 2015, intitulé «Persécutés et oubliés ?" et publié ces jours par l'Aide à l'Eglise en Détresse.
(Cg) – « La peur d’un génocide, dans de nombreux cas bien fondée, a entraîné un exode des chrétiens du Moyen-Orient et de certaines régions d’Afrique. Conséquence de cet exode, le christianisme pourrait disparaître en Irak au cours des cinq prochaines années, à moins qu’une aide internationale de grande envergure ne soit apportée sous peu« .
Tel est le vibrant appel qui ressort du rapport sur les chrétiens opprimés pour leur foi entre 2013 et 2015, intitulé «Persécutés et oubliés ? » (Persecuted and Forgotten?). Le rapport a été présenté récemment par l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED), une fondation internationale catholique de droit pontifical qui dépend de la Congrégation pour le Clergé en charge de porter secours aux chrétiens en difficulté partout dans le monde. Le rapport analyse la situation dans 22 pays où les conditions des chrétiens sont particulièrement critiques. Un tiers de ces pays se trouvent en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Egypte, Iran, Iraq, Israël, Palestine, Syrie, Turquie).
C’est la détérioration générale des conditions des chrétiens qui ressort avec évidence, après comparaison des nouvelles données au rapport précédent (qui considérait la période 2011-2013); une détérioration qui, au Moyen-Orient, est principalement attribuée à la montée de l’intégrisme islamique. En Irak, par exemple, l’avancée des islamistes ces dix dernières années a fait passer le nombre de chrétiens de plus d’un million (2002), à environ 700.000 en 2006 et moins de 300 000 aujourd’hui.
La moitié des chrétiens qui sont restés en Irak ont dû quitter leurs maisons et se contenter du statut de personne déplacée ou réfugiée. Si cette tendance au dépeuplement se maintient, selon le rapport, le christianisme pourrait disparaitre en ce cœur de la terre biblique en seulement cinq ans. Dans de grandes parties de la Syrie, théâtre depuis quatre ans d’une guerre sanglante, les biens des chrétiens sont systématiquement perquisitionnés par les fondamentalistes, de nombreux fidèles ont été tués et plusieurs membres du clergé enlevés dont nous sommes toujours sans nouvelle.
En Iran, bien que le gouvernement actuel ait promis de promouvoir la tolérance religieuse, les arrestations et les actions à l’encontre des chrétiens sont en augmentation. Au courant de l’année 2014, le nombre d’incarcérations a presque doublé. En Israël, les attaques contre les églises et les sanctuaires par des Juifs fondamentalistes sont aussi en nette croissance ; tandis qu’en Palestine le flux migratoire des chrétiens ne diminue pas. Toujours selon le rapport, depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau roi en Arabie Saoudite, Salman bin Abd al-Aziz Al Saoud, la situation ne s’est guère améliorée en termes de fondamentalisme religieux. Parmi les pays étudiés dans le rapport, seule l’Egypte montre des signes d’amélioration de la situation des chrétiens au cours de ces dernières années. Avec la création du gouvernement du général Abdel Fattah Al Sisi, les attaques contre les églises ont cessé, même s’il arrive encore que les chrétiens soient victimes d’agression, emprisonnés et tués.
Le rapport de l’AED s’ouvre par une lettre de l’archevêque Jean Clément Jeanbart, archevêque grec-catholique d’Alep, « Mon diocèse d’Alep est situé dans le nord de la Syrie, sur la ligne de front de la souffrance – écrit le prélat -. La cathédrale melkite a été bombardée six fois et est maintenant inutilisable. Ma maison a été frappé plus de dix fois. Nous sommes confrontés à la colère du jihad fondamentaliste. Nous pourrions bientôt disparaître, en tant que chrétiens. Que ce soit en Syrie ou en Irak, les communautés chrétiennes comme toutes les autres minorités, sont sans défense face aux assauts de l’Etat islamique. Les chrétiens et les autres minorités sont souvent impliqués dans les combats et doivent faire face aux difficultés de la fuite, dépourvus d’abris, de nourriture et de soins médicaux. Vraiment, nous sommes tels des «moutons d’abattoir ».«