Dalia Qumsieh Tawil, directrice du plaidoyer de la Société Saint Yves revient sur les problèmes que rencontrent les habitants de Jérusalem, mais surtout sur la façon dont l’association leur apporte gratuitement une assistance juridique pour affronter les tribunaux israéliens.
Dalia a tout de la jeune trentenaire brillante : polyglotte et avocate, elle a étudié deux ans à la Sorbonne à Paris. Alors que la France lui tendait les bras, elle a décidé de revenir s’engager chez elle, en Palestine. Depuis mars 2014, elle est en charge du département Plaidoyer de la Société Saint-Yves.
Bien qu’ayant acquis une solide renommée, cette association continue de développer des actions de sensibilisation auprès des Palestiniens. “Défendre les Palestiniens est une chose, mais si l’on veut éviter d’en arriver aux tribunaux, il faut aller à la rencontre de la population et comprendre de quoi est fait leur quotidien” explique-t-elle.
Soulignant la complémentarité des différents départements de l’association, elle nous présente son mode de fonctionnement. “Les Palestiniens prennent contact avec nous, nous fixons une rencontre afin de bien comprendre leur situation puis le département légal prend le relais”. Ce département est composé d’une dizaine d’avocats qui vont suivre chaque affaire et, si le cas l’exige, les porter devant la cour israélienne. Chaque année, ce sont plus de 700 affaires qui sont défendues au profit de 2 000 personnes, “sans aucune distinction de religion” tient à préciser Dalia.
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“Les formulaires et avis reçus sont en hébreu, les familles ne comprennent pas pourquoi elles sont convoquées ni même ce qui leur est reproché” poursuit la jeune femme. C’est pourquoi une des tâches principales de la Société Saint-Yves est de traduire tout nouveau document émanant de la législation israélienne. Formulaire de renouvellement de permis de résidence, processus pour bloquer une confiscation de terre ou annuler un ordre de démolition, etc. ; le travail ne manque pas afin d’informer les Palestiniens sur les différents moyens de réagir aux injustices qu’ils subissent.
Documenter
Pour exemple, avant de délivrer un permis de construire, le gouvernement israélien demande une preuve de propriété. Or, en 1967, quand Israël a pris le contrôle de Jérusalem Est, l’État a décidé de ne pas continuer l’initiative des Britanniques et des Jordaniens visant à enregistrer les terres et les propriétés (cadastre). “Ils veulent rendre la vie insoutenable aux Palestiniens et les voir s’en aller de la vieille ville de Jérusalem” déclare Dalia haut et fort.
Pionnière dans son domaine, Saint-Yves n’est plus aujourd’hui la seule association à apporter une assistance juridique gratuite aux Palestiniens. Soutenue par des ONG internationales, l’association produit chaque année une étude sur une thématique particulière. “Il faut faire état des avancées législatives et jugements que nous avons pu obtenir, ces cas font jurisprudence”, ajoute-t-elle.
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“La multitude de statuts et de conditions que nous impose Israël nous divise. Les Palestiniens sont absorbés par la complexité de leur situation et ne regardent plus ce qui se passe autour d’eux. C’est une manière implicite de porter atteinte à notre unité” analyse la jeune Palestinienne. Alors elle s’active organisant des rencontres et sessions dans les universités, les municipalités ou instituts religieux en Palestine comme à l’étranger. “Le rôle de Saint-Yves est vital, il est important de dire aux Palestiniens qu’il existe des solutions et des armes légales pour résister”.
Dernière mise à jour: 19/11/2023 10:57