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Le Théâtre National Palestinien en rideau ?

Terresainte.net
2 décembre 2015
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Vendredi dernier, le Théâtre national palestinien était menacé d’une éventuelle fermeture. Depuis les trois dernières décennies ce théâtre est classé parmi les premiers centres culturels palestiniens des arts du spectacle.


(Jérusalem/NH) — Vendredi dernier, le Théâtre national palestinien était menacé d’une éventuelle fermeture. Depuis les trois dernières décennies ce théâtre est classé parmi les premiers centres culturels palestiniens des arts du spectacle.

Connu sous le nom Al-Hakawati  « Le Conteur », le théâtre a accumulé, au cours des cinq dernières années, des factures impayées pour un montant avoisinant les 140 000 euros. Des sommes dues à la municipalité israélienne, à la caisse d’assurance nationale et à la compagnie d’électricité locale israélienne, a déclaré le directeur du théâtre Amer Khalil à Terresainte.net. Ce centre de Jérusalem-Est a reçu une reconnaissance internationale pour ses diverses performances théâtrales et pour sa formation de jeunes acteurs. Adnan Al-Husseini, le gouverneur palestinien de Jérusalem, a révélé à Reuters qu’il attendait l’intervention du président palestinien Mahmoud Abbas afin d’empêcher la fermeture du théâtre.  « Le président a donné des instructions et l’argent nécessaire sera attribué. Lundi [30 novembre] la question sera résolue » a-t-il assuré.

« C’est de plus en plus difficile pour la scène culturelle palestinienne à Jérusalem » a expliqué Amer Khalil à Terresainte.net. Selon l’organisation non gouvernementale B’tselem dans son rapport “A Wall in Jérusalem” les allocations pour la culture, l’art et le renouvellement des quartiers sont biaisées : « Aucun de ces départements [de l’Etat] n’allouent plus de 2% de leur budget aux Palestiniens. Bien que les responsables du gouvernement proclament leur attachement à Jérusalem comme une ville unifiée, les allocations budgétaires perpétuent les divisions ». Alors que les habitants de Jérusalem-Est payent leur taxes à la municipalité israélienne, ils ne reçoivent pas des fonds adéquats en retour.

Le théâtre est pris dans un entre-deux : d’une part, il est empêché de recevoir des fonds de l’Autorité Palestinienne et de l’autre, Israël ne lui attribue aucune allocation. « Selon les accords d’Oslo, les organisations palestiniennes à Jérusalem-Est ne sont pas autorisées à avoir de relation ou de soutien financier de l’Autorité Palestinienne » précise Amer Khalil.

Théâtre national palestinien Al-Hakawati à Jérusalem (Photo Nizar Halloun/CTS)

Les frictions entre Al-Hakawati et l’Etat d’Israël sont anciennes. En 2008, la police israélienne a été déployée  au théâtre pour suspendre un festival intitulé « Jérusalem, capitale culturelle arabe pour l’année 2009”. Israël fait référence à Jérusalem comme sa capitale « éternelle et indivisible”. Elle considère la ville comme centre de la culture et de la tradition juive. Les Palestiniens quant à eux considèrent Jérusalem-Est – annexée et occupée par Israël en 1967 – comme la capitale d’un futur État palestinien indépendant.

Certains commentateurs palestiniens ont interprété la pression sur Al-Hakawati par Israël comme une tentative de marginalisation des institutions culturelles et artistiques palestiniennes. Mais Amer Khalil ne pense pas que cela soit le cas.

En juin dernier, la ministre de la culture d’Israël et membre du Likoud Miri Regev a gelé le financement d’un théâtre palestinien. Celui-ci avait mis en scène une pièce sur les Palestiniens emprisonnés par Israël. Elle a également menacé de couper les allocations d’un théâtre israélo-palestinien qui a refusé de jouer dans une colonie en Territoires occupés. Mardi 1er décembre, la ministre a ordonné l’ouverture d’une commission d’enquête  contre la Cinémathèque de Tel-Aviv. Celle-ci accueille un festival de cinéma projetant plusieurs films sur la guerre de 1948 la semaine prochaine. Selon la ministre, cette projection viole la loi sur la Nakba, qui permet au gouvernement de retirer les subventions aux organisations présentant la création d’Israël comme une catastrophe, dans la lignée du récit palestinien.

 « Pour l’instant nous ne sommes plus menacés, a déclaré Amer Khalil, nous avons pu collecter la somme vitale pour échapper à la fermeture immédiate. Pour le simple fonctionnement du théâtre nous avons besoin de 65 000 NIS (soit environ 16 000 euro) par an. Et cela exclut les lourdes taxes israéliennes. La solution est de créer une caisse pour les organisations culturelles palestiniennes non-gouvernementales à Jérusalem-Est. Cette fin de semaine nous avons échappé à la fermeture, d’accord, mais pour combien de temps ? »

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