Après les violences de ces derniers mois, l’ambiance n’est pas vraiment à la fête en Terre Sainte. Pour ne pas arranger les choses, les pèlerins, au vu de la situation, annulent leurs réservations.
(Jérusalem/TD) – Malgré une entrée dans l’Avent très festive dimanche dernier à Bethléem, c’est sous de plus sombres auspices que s’annonce Noël en Terre Sainte cette année.
À Bethléem, la municipalité a décidé d’annuler plusieurs festivités “par respect pour les martyrs”, d’après les mots de la maire Vera Baboun. Le traditionnel repas suivant l’illumination du sapin ainsi que plusieurs concerts sont annulés. À la place du feu d’artifice annuel, les églises de Bethléem sonneront leurs cloches “pour la paix” samedi 5 décembre à 19h30.
En réaction au contexte israélo-palestinien de ces derniers mois, l’Autorité Palestinienne a en effet demandé aux municipalités de modérer leurs festivités. Face à la montée des violences au mois d’octobre de nombreux médias annonçaient le début d’une “troisième Intifada”. Si les affrontements ne sont plus quotidiens, des attaques ont toujours lieu de façon régulière, ce qui maintient la tension.
À Jérusalem dimanche dernier, premier dimanche de l’Avent, des activistes juifs d’extrême droite ont manifesté devant le centre YMCA (Young Men’s Christian Association – Union Chrétienne de Jeunes Gens) contre une cérémonie d’illumination de sapins de Noël. Chaque année, les enfants de toutes les religions (juifs, chrétiens, musulmans) et leurs familles sont invités à participer à l’évènement. Le mouvement extrémiste Lehava manifestait devant le YMCA contre la “conversion forcée” des enfants juifs, selon les mots du leader du mouvement, Benzi Gopstein. Par ailleurs les manifestants entonnaient des slogans demandant aux chrétiens de “retourner en Europe”. Ils scandaient par ailleurs : “Les Arabes ne nous battront pas avec leurs couteaux, et les chrétiens ne nous achèteront pas avec leurs cadeaux”.
Sur fond de toute cette tension, c’est finalement l’économie locale qui trinque. Une agence de voyages spécialisée dans les pèlerinages nous confie être au chômage technique pour Noël cette année. D’habitude, l’agence accueille une dizaine de groupes de pèlerins pour la période des fêtes. Les réservations se faisant en général un an à l’avance, c’est les frais de la guerre de Gaza de 2014 qui sont payés aujourd’hui. Avec la situation actuelle, l’année 2016 ne s’annonce pas meilleure. Une employée nous confie : “On sait pourtant combien ce pays a besoin de tourisme, une manne essentielle pour l’économie locale”.