La catastrophe humanitaire qui frappe le Yémen, définie de niveau 3 par les Nations Unies et confirmée par le Comité international de la Croix-Rouge, touche principalement les cliniques, les hôpitaux et les bureaux chargés de l'aide et des soins médicaux pour les civils. L'ONG Médecins Sans Frontières dénonce la situation.
La catastrophe humanitaire qui frappe le Yémen, définie de niveau 3 par les Nations Unies et confirmée par le Comité international de la Croix-Rouge, touche principalement les cliniques, les hôpitaux et les bureaux chargés de l’aide et des soins médicaux pour les civils. Et cela n’a rien de nouveau.
Il y a déjà quelques mois, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) dénonçait les conditions dans lesquelles elle se trouvait pour agir. Lamia Betser, chirurgienne italienne, contactée à Aden par Terrasanta.net témoignait d’« un massacre jamais vu », en plus de la quasi impossibilité de secourir la population en dépit d’immenses besoins. « Les victimes sont portées à la force des bras par des dizaines de personnes qui les ont recueillies sur le champ de bataille ou dans les décombres de leurs maisons bombardées aveuglément », dit Betser. Elle ajoutait : « MSF rencontre des difficultés croissantes, en raison de la difficulté à remplacer et renouveler les médicaments ou les outils nécessaires à la poursuite de l’aide d’urgence avec des traitements appropriés ».
La tragédie qui a eu lieu à Aden se reproduit maintenant à Taiz, ville actuellement sur la ligne de feu et coupée de tout contact avec le Nord, en raison des affrontements au sol qui font rage entre l’artillerie de l’armée loyaliste et les rebelles Houthi. Sur YouTube et dans la communauté yéménite, une vidéo est en train de se répandre ; dramatique, elle raconte le calvaire de Hamama Yousif, une femme touchée par des éclats de roquettes lancées à partir du sol par les rebelles Houthi. La femme commence son pèlerinage de l’espérance à l’hôpital Al-Thaurâ de Taiz, pour le conclure, après être passée par six autres installations similaires, à la morgue de l’hôpital Al-Jaourji dans la partie opposée de la ville. Tout cela parce qu’il n’y a même plus une réserve d’oxygène, un bien pourtant absolument essentielle en temps de guerre pour être en mesure de sauver des vies.
Et comme si cela ne suffisait pas, un autre hôpital soutenu par MSF a été frappé dans le nord du Yémen. Cette fois, ce sont quatre morts et dix blessés que l’on a dénombrés sans compter les bâtiments de l’établissement médical partiellement effondrés. Les blessés font partie de l’équipe de MSF : deux d’entre eux sont dans un état critique et ce nombre pourrait augmenter : des gens peuvent encore être pris au piège dans les décombres. Ceux qui ont été évacués sont actuellement transférés à l’hôpital de Goumoury à Saada.
L’hôpital se trouve dans le district de Razeh où MSF travaille depuis novembre 2015. L’organisation ne se prononce pas sur l’origine de l’attaque, mais suggère qu’il pourrait s’agir de représailles à l’attaque menée par la coalition internationale dirigée par l’Arabie saoudite à l’appui du gouvernement légitime. En effet, des avions ont été vus survolant la structure et un missile est tombé tout près de l’hôpital.
« Nous redisons à toutes les parties du conflit que les patients et les installations médicales doivent être respectés et que le bombardement des hôpitaux est une violation du droit international humanitaire » : poursuit Raquel Ayora, directeur des opérations de MSF. « Il est impossible que ceux ayant la capacité de lancer une frappe aérienne ne sache pas que l’hôpital de Shiara est une structure médicale opérationnelle et soutenue par MSF. Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat sur nos installations ».
L’hôpital Goumoury avait déjà été bombardée avant que MSF ne commence à le soutenir et toujours en janvier, exactement 21, le service d’ambulance du même hôpital a été touché par une frappe aérienne qui a tué le conducteur, membre du personnel Ministère de la Santé.
Malheureusement, il ne s’agit pas de la première attaque sur l’organisation au Yémen. Le 27 octobre dernier, l’hôpital Haydan avait été détruit par les bombardements de la Coalition et le 3 décembre, le centre de santé de Taiz était frappé par les mêmes forces, neuf personnes avaient été blessées.
Pour tout cela, MSF, après ce qui est arrivé à Kuduz en Afghanistan (l’hopital qui possédait un service de traumatologie avait fait l’objet d’une attaque par un drone américain), a décidé de réagir sévèrement et a appelé à une nouvelle enquête indépendante menée par la Commission d’enquête internationale humanitaire (CIHEF) sur Shiara. En ce lieu, les activités médicales de MSF ont été touchées quatre fois en moins de trois mois, chaque incident étant plus grave que le précédent.
Depuis le début de cette crise, les équipes de MSF au Yémen ont traité plus de 20 000 blessés de guerre dans onze hôpitaux et dix-huit centres de santé, distribué 790 tonnes de fournitures médicales entre les villes de Saada, Amran, Hajjah, Ibb et Sanaa.