Elle a été le théâtre des affrontements les plus brutaux d’une guerre civile encore en cours et un centre urbain important, désormais libérée par les forces loyalistes du président Abd Rabbo Mansour Hadi, mais toujours menacée par les hommes de l'État islamique en témoigne la récente attaque du gouverneur de la ville et de son escorte. Aden est une ville qui ne renonce pas et sa citoyenneté est extraordinairement résiliente. Portrait.
Elle a été le théâtre des affrontements les plus brutaux d’une guerre civile encore en cours et un centre urbain important, désormais libérée par les forces loyalistes du président Abd Rabbo Mansour Hadi, mais toujours menacée par les hommes de l’État islamique en témoigne la récente attaque du gouverneur de la ville et de son escorte. Aden est une ville qui ne renonce pas et sa citoyenneté est extraordinairement résiliente.
Ainsi, ces derniers jours, elle a encore témoigné de ses capacités de réaction au traumatisme de l’après-guerre au travers de l’art. Dans une galerie ouverte du vieux quartier du Crater, un groupe de jeunes intellectuels a rendu accessible à tous une exposition de peinture afin de rallumer la flamme d’une vie quotidienne revenue à la normale.
L’accent est mis sur l’ancienne ville, son histoire et la valorisation de son patrimoine artistique et culturel. L’exposition, sur plusieurs niveaux, est divisée en trois thèmes principaux : l’abri, l’humanité, l’identité, le tout décliné autour Aden. En substance, l’initiative a été l’occasion de rappeler aux habitants d’Aden l’originalité de ce lieu aux confins, donnant sur la mer, très agréable pour sa géographie et son architecture mais également l’appétit, pour des raisons stratégiques, de ceux qui se soucient du sort de Bab-al-Mandeb, l’étroit passage sur le front de mer d’Aden.
Amr Bazifan sur Yemen News Network a interviewé l’un des visiteurs qui déclarait : « L’exposition est une tentative par la jeunesse de la ville visant à démontrer que la nature d’Aden et de ses habitants est pacifique ». Tolérance et diversité sont en effet ce que l’on pourrait attribuer à Aden pour caractériser ce lieu de passage. Certaines peintures l’expriment bien, préférant un art descriptif et non symbolique. Presque partout, est représentée l’architecture yéménite (mosquées, temples, forteresses et châteaux, barrages, bâtiments), bien que revisitée par la sensibilité de l’artiste, le tout parsemé de photos d’époque et de paysages volés à la mer et aux paysages naturels d’Aden.
Sinna-shawafi est l’un des artistes : « Les visiteurs, bien que provenant de différentes ethnies, genres, âges et nationalités, pendant trois jours ont été immergés dans l’histoire de cette ville qui, pour nous, est unique ». Une ville traditionnellement ouverte, accueillante, un carrefour pour le commerce et les intérêts entre la Corne de l’Afrique, l’Inde, la péninsule arabique et l’Ouest, avec un grand nombre d’étrangers et de Yéménites à peau noire, souvent moins intégrés dans d’autres pays de la région et soumis à des formes de racisme par les habitants "blanc".
A Aden, en dépit de tout, la recette pour résister est de pratiquer la coexistence et de s’appuyer sur la fierté de l’identité culturelle. De cette exposition, qui a habilement résumé le passé et le présent et qui a donné un signe fort de la vitalité de la citoyenneté, dans un moment critique pour le pays, se dégage un sentiment commun : les habitants d’Aden veulent être les "maîtres" de cette ville qu’ils souhaitent préserver et défendre de toute ingérence et de toute menace extérieure et culturelle.