Le 2 février 2016, le journaliste palestinien Mohammed Al-Qiq entamait son 70ème jour de grève de la faim. Retenu en détention administrative, un régime extrajudiciaire, ses jours sont désormais en danger.
(Jérusalem/TD) – Depuis le 25 novembre 2015, le journaliste palestinien Mohammed Al-Qiq est en grève de la faim. Arrêté le 21 novembre à Ramallah en Cisjordanie, il est depuis retenu en détention administrative. Ce régime extrajudiciaire permet à Israël de détenir des personnes sans chef d’accusation ni procès pour des périodes de six mois, renouvelables indéfiniment.
Mohammed Al-Qiq, 33 ans, marié et père de deux enfants, est le correspondant de la chaîne saoudienne Al-Majd. Depuis le 25 novembre 2015, il a arrêté de s’alimenter afin de dénoncer la torture qu’il aurait subie au cours de son interrogatoire, ainsi que le régime de détention administrative sous lequel il est détenu.
Le journaliste est soupçonné par les services de renseignements intérieurs israéliens d’être un membre actif du Hamas. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, est considéré comme une organisation terroriste par l’Union Européenne, les États-Unis et Israël. Mohammed Al-Qiq réfute les accusations portées et déclare ne se livrer qu’au journalisme.
Il a fait appel de sa détention. Cependant, mercredi 27 janvier, la Cour suprême israélienne a estimé que les documents classés secret défense justifiant son arrestation contenaient des éléments assez significatifs pour le maintenir en détention. Par le passé, Mohammed Al-Qiq avait déjà été condamné à deux reprises, en 2004 et 2008, pour des activités en lien avec le Hamas. La Cour suprême a malgré tout indiqué qu’elle suivrait l’évolution de son état de santé et se prononcerait sur une éventuelle suspension de la détention.
Le journaliste a été hospitalisé fin décembre à Afoula, en Galilée, au nord d’Israël. Son avocat a estimé qu’il était susceptible de mourir d’un jour à l’autre. Le Comité International de la Croix Rouge et l’Union Européenne ont exprimé leur inquiétude sur la situation. Au-delà deux mois sans alimentation, la vie humaine est en grand danger. Une nouvelle loi israélienne votée en juillet 2015 permet de nourrir de force un détenu, mais une telle pratique est loin de faire l’unanimité chez les médecins.
L’été dernier, l’avocat palestinien Mohammed Allan, avait lui aussi mis sa vie en danger avant d’être finalement relâché, après deux mois de détention.
D’après Addameer, une ONG palestinienne de défense des prisonniers, près de 680 Palestiniens sous le coup d’une détention administrative, sur un total d’environ 6 800 détenus dans les prisons israéliennes.