En plein pourparlers de normalisation des relations avec Israël, la Turquie prévoit d'investir cinq milliards de dollars dans la reconstruction de Gaza et la construction d'un port maritime. Une idée qui divise la classe politique en Israël en raison de la contrebande d'armes.
(Jérusalem/N.H.) – En plein pourparlers de normalisation des relations avec Israël, la Turquie prévoit d’investir cinq milliards de dollars dans la reconstruction de Gaza et la construction d’un port maritime desservant l’enclave. Une idée qui divise la classe politique en Israël en raison de la contrebande d’armes.
Le général Hertzi Halevy, le chef de l’intelligence militaire israélienne, a déclaré mardi devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset que l’économie se détériorait à Gaza. Cette situation est susceptible de provoquer une explosion pouvant se retourner contre Israël. Selon le quotidien israélien Haaretz, les députés ayant participé à la réunion à huis clos ont dit que Halevy estimait « très lente » la réhabilitation de Gaza. Il a souligné que l’amélioration économique serait la meilleure mesure restrictive contre une nouvelle guerre.
Selon Mushir al-Masri, le porte parole du Hamas, l’idée du port « a été régulièrement évoquée à la table des négociations entre la Turquie et Israël. Avoir un port est un droit fondamental pour les palestiniens. L’alternative est la suivante: ouvrir une porte d’entrée ou attendre l’explosion. »
Un membre du Fatah à Gaza a déclaré toujours à Haaretz qu’il ne croyait pas à un début de construction dans un avenir proche, mais a affirmé que ce port serait dans l’intérêt d’Israël. Selon lui, si Israël souhaite que le Hamas reste au pouvoir dans la bande de Gaza c’est pour empêcher une réconciliation entre les deux mouvements palestiniens.
« Quiconque suit les pratiques d’Israël sait très bien qu’il soutient autant l’Autorité palestinienne que le régime du Hamas. Et cela pour qu’il n’y ait aucun lien direct entre Gaza et la Cisjordanie », a au même journal ce membre du Fatah qui a souhaité rester anonyme. « Ce fossé sert les intérêts d’Israël puisque dans le cas d’unité sous une seule autorité, il n’y aurait plus de justification pour le siège de Gaza et pour la fermeture du passage de Rafah.»
Pour apaiser la Turquie tout en aidant la population gazaouie et sans nuire à Israël, plusieurs idées ont été examinées par les dirigeants israéliens. Tout d’abord, un port qui serait construit à El Arish, ville égyptienne dans le nord-ouest du Sinaï. Sinon, la construction d’une île artificielle, face à la côte de Gaza, où les navires déchargeraient leurs marchandises sous un contrôle strict israélien. Ou encore, la construction d’un port de Gaza à… Chypre. Mais aussi la construction d’un port à Gaza même. Son fonctionnement serait conditionné par un cessez-le-feu de long terme.
Certains ministres israéliens sont aussi en faveur de cette de l’idée. Ouri Ariel, le ministre de l’Agriculture, a justifié sa prise de position en indiquant que le sionisme allait de pair avec le développement économique régional. Cependant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Moshe Ya’alon y sont catégoriquement opposés.
La population de Gaza est actuellement d’environ 1,8 millions. Le taux de chômage a atteint 67% chez les jeunes (moins de 30 ans), qui représentent 48 % de la population gazaouie. Le revenu national par personne et par mois est de 174 dollars, et 57 % de la population ne peuvent assurer leur ration alimentaire quotidienne. Plus de la moitié de l’industrie de la bande de Gaza a été détruite. Aujourd’hui 5 % de l’eau est potable, et une sécheresse est attendue en 2020.