Ce n’est pas le dernier jeu à la mode. D’ailleurs tout le monde ne pourra pas jouer. Mais l'Autorité des Antiquité d'Israël a initié un nouveau projet : la numérisation de quelques 20 000 fragments de parchemins de Qumrân afin que les scientifiques puisse les manier en ligne comme un puzzle. Avec beaucoup de connaissances épigraphiques, un peu de chance et une infinie patience, la technologie pourrait faire faire des pas de géants sur le décryptage de ces manuscrits émiettés.
(Jérusalem/N.H.) – Les informaticiens et spécialistes des manuscrits de la mer Morte sont lancés dans un nouveau projet: la numérisation des parchemins et fragments des papyrus de Qumrân. Concrètement, il s’agit de rassembler numériquement quelques milliers de fragments âgés de 2000 ans.
Ce nouveau projet est une collaboration entre scientifiques et chercheurs pour la mise en place d’une plate-forme virtuelle et le développement d’outils numériques de pointes. « Le projet, explique l’Autorité des Antiquité d’Israël (AII), permettra aux chercheurs du monde entier de travailler ensemble et en même temps, sur un espace de travail virtuel pratique» et travailler à réunir des milliers de fragments de manuscrits bibliques. Il permettra également la production et la publication d’une nouvelle génération d’éditions numériques modifiables des parchemins.
Les fragments numérisés à se jour s’élèvent à 16000 sur quelque 20000, selon Pnina Shor, la directrice du projet des manuscrits de Qumran. L’AAI a salué ce «nouveau partenariat de recherche collaborative » pour l’avancée de la recherche et la compréhension de «l’une des découvertes les plus importantes du XXe siècle.»
Le laboratoire de conservation de l’AAI à Jérusalem attache un soin particulier à ces fragments découverts il y a 70 ans. Selon elle, ces derniers développements technologiques permettront une « étude approfondie des parchemins, une analyse plus innovante, et l’ouverture de nouvelles perspectives sur ces manuscrits millénaires.»
Le programme offrira également des outils paléographiques et d’alignement reliant texte et image, et une transition simple entre les différentes bases de données. Les lecteurs auront ainsi accès au texte original des manuscrits, à des milliers d’images de textes anciens en haute qualité, à des explications et traductions mises-à-jour dans différentes langues, et à la mise en parallèles de textes.
Le partenariat a reçu 1,6 millions d’euros de financement de la part du Programme de coopération germano-israélien (Deutsch-Israelische-Projektförderung), et sera administré par la Fondation allemande pour la recherche. Cette recherche collaborative sans précédente reliera le projet « Qumrân-Lexicon » de l’Académie des Sciences et des Lettres de Göttingen (Allemagne) avec la Bibliothèque numérique Léon Levy des manuscrits de la mer Morte de l’AAI. Cette dernière est en collaboration étroite avec des informaticiens, des chercheurs des manuscrits de Qumrân, et des experts de l’AAI, de l’Université de Haïfa, de l’Université de Tel Aviv, et de l’Académie Göttingen.
Le nouveau site web de la bibliothèque numérique Leon Levy compte à ce jour plus de 10000 photographies des textes anciens qui ont été trouvés dans plusieurs grottes à Qumrân. Ces manuscrits sont une collection d’une centaine de textes bibliques en araméen, hébreu et grec, découverts entre les années 1946-1956 dans des grottes près de la mer Morte. Les textes datent des trois derniers siècles avant le Christ et du premier siècle de notre ère. Ils sont considérés comme le troisième plus anciens manuscrits de la Bible hébraïque ayant survécu, et auraient été écrits ou recueillis par les Juifs qui ont quitté Jérusalem pour le désert à l’époque du Second Temple. Ces parchemins, qui mystifient tant les experts depuis leur découvertes, éclairent le lecteur sur le judaïsme ancien, la naissance du christianisme, et l’évolution de la Bible.