Le quotidien Haaretz a regardé attentivement la carte de la vieille ville de Jérusalem distribuée par l’office du tourisme. Elle recèle des surprises.
D’après un article paru lundi 4 avril 2016 dans le journal Haaretz, le plan de la vieille ville de Jérusalem distribué par l’office du tourisme omet des sites “non-Juifs” clefs. Sous la plume de Nir Hasson, Haaretz s’est posé la question de l’ampleur de l’omission et des erreurs commises. Terresainte.net s’est procuré la carte en question et a vérifié les informations du quotidien israélien.
À en croire le plan, beaucoup de sites sont à voir dans le Quartier juif en plus du Mur Occidental. Il y a des Yeshivot (écoles talmudiques), des synagogues, et nombre de maisons… privées. Quiconque connaît un peu la vieille ville sait que la plupart d’entre elles sont inaccessibles et sont en réalité de véritables bunkers. Figure aussi sur la carte l’emplacement pour une future synagogue!
Depuis la fin du XIXe siècle la vieille ville de Jérusalem était décrite comme constituée de quatre quartiers (musulman, chrétien, arménien et juif). Ils étaient différenciés par un code couleur. Mais ces 20 dernières années, les cartes se contentaient de nommer de façon paritaire les quartiers. Sur la version en vigueur, le quartier Juif est indiqué en gros caractères stipulant “known as Jewish quarter” (“Connu comme quartier juif”). Le titre “quartier musulman”, est lui à peine indiqué, fondu dans le décor, quasi imperceptible. Quant au quartier chrétien, il semble se résumer au couvent franciscain Saint-Sauveur.
A côté de la profusion de lieux à voir dans le quartier juif, le quartier musulman fait pâle figure. Sont mentionnées: la basilique de l’Ecce Homo, la piscine de Bethesda, le Dôme du Rocher et les incontournables Yeshivot et maisons juives. Nir Hasson constate que “le seul bâtiment musulman à visiter, d’après la carte, est le Dôme du Rocher”. Aucune mention d’autres sites musulmans.
“On trouve 37 madrasot [écoles], sebils [fontaines publiques décorées], et le palace de Madame Tunshuq’s Palace, surement le plus grand bâtiment de la vieille ville,” a pourtant expliqué au Haaretz le chercheur et instructeur de guides touristiques Dr. Shimon Gat.
Un autre point soulevé par le quotidien israélien est le choix des auteurs du document quant à la façon de nommer les lieux. En effet toutes les portes donnant accès à l’esplanade des mosquées (qui comprend la mosquée d’Al-Aqsa et le Dôme du Rocher) ont été indiquées avec leur nom hébreu. De même des termes tels que “Mont Moriah, Mont du Temple ou Har Habait” sont utilisés mais pas celui de “Haram al-Sharif” (noble sanctuaire en arabe). Encore ? “Les étables Salomon” sont figurées alors que la mosquée Al-Aqsa est tout juste dessinée mais sans être nommée.
Il n’y a d’ailleurs pas que les sites musulmans pour se voir ainsi effacer. Certains lieux saints chrétiens ont également disparus, telle l’église Sainte-Anne, plus exactement son nom. Car si l’église est représentée, c’est le nom de piscine de Bethesda qui doit y conduire. Le Cénacle également n’a plus le droit de cité. La carte mentionne seulement “la chambre du dernier souper”. Disparu Saint Pierre en Gallicante, disparu le Carmel du Pater Noster, disparu le jardin des Oliviers. Des bâtiments juifs sont quant à eux apparus, comme une maison s’intitulant “Neot David” aux abords du Saint-Sépulcre.
Au Haaretz on note aussi que alors que des quartiers arabes sont devenus de vertes collines, les cartographes ont en revanche fait dessiner les immeubles modernes d’une implantation appelée “ Maale har Zeitim”, qui au bas du Mont des Oliviers avoisine la maison d’Abraham.
Ce plan, arborant le logo du Ministère du Tourisme Israélien, a été créé par la société “Atir Maps and Publications Company”. Cette société a affirmé au Haaretz que le plan n’a pas été commandé par le gouvernement, néanmoins le Ministère du Tourisme Israélien a déclaré soutenir ce qui est représenté sur la carte”. Il a ajouté que “la carte a été produite en collaboration avec des guides, et que les fabricants ont prit en compte leurs recommandations et leur vaste savoir accumulé depuis des années, pour lister les principaux lieux touristiques”. Il semblerait qu’un vaste savoir ne suffise pas pour créer une carte de Jérusalem. “Sur 57 lieux désignés, 25 sont des Yeshivot et maisons juives, que même les plus expérimentés des guides ne connaissent pas”, note le chroniqueur.
Un guide interrogé par le journal synthétisait : “Des employés ont fait disparaître 1300 ans de l’histoire de Jérusalem.” On conclura sobrement que c’est bien dommage.