En contradiction avec la position officielle de leur Eglise, les coptes orthodoxes sont chaque année plus nombreux à venir en pèlerinage à Jérusalem.
(Jérusalem/NH) – Avec leurs turbans sur la tête, leur habits traditionnels et leur joie communicative, on les reconnaît. Les chrétiens coptes en provenance d’Egypte sont nombreux en vieille ville de Jérusalem à l’occasion de la Semaine sainte orthodoxe. Ils attendent le sommet des célébrations : la fête du « saint feu », le « sabt el nour », le samedi de lumière.
La cérémonie du Feu sacré est considérée par les orthodoxes comme un miracle se produisant chaque année, le Samedi saint, à l’église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem. La cérémonie est retransmise en direct dans les pays où la présence orthodoxe est importante, c’est le cas de l’Égypte.
Les pèlerins coptes en Terre sainte seraient au moins 5700 cette année, une augmentation de près de mille personnes par rapport à l’année dernière. La plupart sont arrivés par la Jordanie et seront hébergés à Bethléem, en Cisjordanie.
La présence croissante des coptes orthodoxes à Jérusalem marque-t-elle la fin de l’interdiction imposée aux fidèles ? Pas pour l’Église copte orthodoxe. L’interdiction a été décrétée en 1979 par le pape Shenouda III. Au cours du conflit entre Israël et les pays limitrophes, le défunt pape avait interdit le pèlerinage en Terre sainte. Une position restée inchangée malgré la normalisation des relations entre le président égyptien Sadate et Israël.
L’année qui suivit la mort du pape Shenouda (2012), son successeur Tawadros II s’était abstenu de s’exprimer sur le sujet. On avait immédiatement noté une forte recrudescence des pèlerinages en provenance d’Egypte. Mais depuis l’arrivée au pouvoir du général Al-Sissi et étant donné ses relations avec l’Etat hébreu, le tabou serait-il en train de tomber ?
D’autres facteurs concourent au changement. Le voyage non-officiel effectué fin novembre à Jérusalem par le pape Tawadros II, pour les funérailles de Anba Abraham, archevêque copte de la ville sainte. Si fin 2014, l’Eglise copte renouvelait son « invitation » à ses fidèles à s’abstenir de se rendre en pèlerinage à Jérusalem, le récent voyage du pape, pourtant présenté comme « une exception » et « non-officiel », a ouvert une nouvelle brèche. Et les fidèles croient savoir que les mesures punitives ne sont pas à l’ordre du jour.
Néanmoins, le père Paul Halim, porte-parole de l’Église copte orthodoxe en Egypte, a répété la position de l’Église Copte. « Elle restera inchangée tant que occupation israélienne n’aura pas pris fin », a-t-il déclaré. À ce jour, souligne le père, l’Église copte ne permet les pèlerinages en Terre sainte que pour les personnes âgées et cela pour des motifs humanitaires.
Une position officielle sur laquelle manifestement certains font la sourde oreille.