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A Damas les familles cherchent une espérance réaliste

Andrea Krogmann
15 mai 2016
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A Damas, le 13 mai, des chrétiens de toute dénomination se sont retrouvés pour une journée d’échanges sur le thème en famille « comment trouver de la joie et de l’amour dans une situation de guerre ».


(Damas) – C’est à l’occasion de la journée mondiale des familles que se sont rencontrées le 13 mai cinquante familles catholiques à la paroisse de la conversion de saint Paul dans le cœur chrétien de Damas. « Avec cette rencontre, nous voulons encourager les familles à rester ensemble, parce que la famille est très importante pour la Syrie ces jours-ci », explique le père Raimondo Girgis, curé de la paroisse latine des franciscains de Terre Sainte. Le thème de la rencontre a donc été choisi « L’art de la communication et comment trouver de la joie et de l’amour dans une situation de guerre ».

Après une prière commune dans l’église et une introduction au thème de l’après-midi par le patriarche melkite, Grégoire III Laham, c’est le Père maronite Samaan Abou Abdo, spécialiste de la famille et du mariage, qui a dessiné les plus grands défis pour la vie des familles aujourd’hui en formulant quelques questions : Est-ce que le langage de l’amour existe toujours dans la vie de mon couple ? Est-ce que je m’exprime suffisamment sur mes sentiments ou est-ce que je les cache ? Comment peut-on vivre en famille en ces temps de guerre ?

Les familles se sont ainsi rencontrées en six groupes pour une heure de discussion avant de se réunir pour une conférence du Père Samaan suivie d’un échange. « Cette rencontre parle de l’amour », témoigne Roula Khoury, mariée depuis six ans. « Même si nous nous aimons beaucoup, nous rencontrons des difficultés dans notre mariage et nous voulons améliorer notre relation. Certes, nous pourrions aller à la cathédrale pour parler avec les pères. Mais ici, nous sommes entre familles, nous partageons les difficultés que chacun et chacune d’entre nous rencontre. Nous parlons de ce qui nous arrive pendant cette guerre. Il faut rester ensemble en ces temps difficiles », dit-elle.

« La guerre est entrée dans les familles », dit le Père Raimondo qui est membre de la commission épiscopale pour la famille en Syrie et organisateur de cet après-midi d’étude et d’échange. « La situation des familles en Syrie est dramatique : elles souffrent de désespérance et de la douleur d’avoir perdu des membres. Elles sont dispersées et souffrent de la crise politique et économique. Il n’y a pas de sécurité et tous ont peur pour le futur de leurs enfants. » Dans ce temps, explique-t-il, il est très important de se rencontrer, de discuter et de bâtir ensemble un futur. « Voilà le but de cette rencontre. Et notre rôle comme frères franciscains, c’est d’en encourager les familles. Nous voulons leur donner de l’espérance sans oublier la souffrance. Nous souffrons avec eux, tout le monde souffre. Alors, nous ne parlons pas d’une espérance idéaliste mais d’une espérance réaliste. Avec des rencontres comme aujourd’hui, nous pouvons donner quelques directions. C’est une aide spirituelle, mais une aide réaliste », insiste le Père.

Le message de la rencontre est bien reçu par les participants. « Nous sommes très heureux de cet après-midi », témoigne Nmer Alhomair. « Nous avons une bonne communication dans notre couple », explique ce père d’une fille de 4 ans. « Mais ce que nous avons appris aujourd’hui peut nous renforcer. En plus, le soutien spirituel nous fait sortir du champ du travail et l’énergie positive nous aide à faire face aux difficultés de la guerre. Nous pouvons oublier nos problèmes et avancer ! »

« Comment peut-on être Église sans les familles, puisque la famille est le noyau de l’Église. Jésus lui-même s’est incarné dans une famille », souligne aussi la secrétaire de la commission, Sœur Jihane Awdat Allah. Si quelques familles font des grands efforts pour rester ensemble malgré toutes les difficultés, la guerre fait monter le taux de divorces : « Il y a des cas, où un partenaire veut quitter la Syrie et l’autre veut rester. Dans cette situation de guerre, chacun est sur les nerfs », raconte Sœur Jihane.

Pour le Père Samaan, le plus grand défi est la décision difficile de se marier malgré la situation actuelle. « Les chrétiens syriens rencontrent beaucoup de difficultés. Par exemple, beaucoup de jeunes hommes quittent le pays. Il y a un surplus des jeunes filles. » Au plan pastoral, dit le Libanais, « on doit dire que l’Église a laissé les couples seuls, par exemple en ce qui concerne la préparation au mariage, du fait de la situation actuelle qui impose d’autres urgences ». C’est pour cela que des rencontres comme celle de Damas, sont « une certaine lumière ».

L’intérêt pour cette rencontre a été grand, explique la religieuse de la communauté des Sœurs de Besançon : « Nous nous sommes adressés aux jeunes fiancés ainsi qu’aux couples qui sont mariés depuis moins de dix ans. Mais d’autres couples nous ont demandé de pouvoir participer en disant avoir envie d’entendre quelque chose sur la famille. Alors nous les avons également accueillis. »

« Nos activités sont là pour dynamiser les familles chrétiennes et pour les aider à former une petite Église au sein de la grande Église », soulignent Mimi Nasrallah et son mari Giaber, membre de la commission. Chaque confession chrétienne est présente avec quatre couples, explique Sœur Jihane, même si « pour les chrétiens en Syrie les dénominations ne jouent pas un grand rôle ».

La rencontre s’est terminée autour d’un repas commun dans la cour du couvent franciscain accompagné par des chants d’enfants. C’est la joie de ce partage convivial qui donne de « l’espérance réaliste » dans une situation difficile.

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