Chaque vendredi soir en Israël, une sirène retentit. Elle annonce aux juifs l’arrivée du jour le plus sacré de la semaine : Shabbat.
(Jérusalem/TD) – Tous les vendredis soirs, quelques dizaines de minutes avant le coucher du Soleil, une sirène retentit dans de nombreuses villes d’Israël. On connaissait l’appel du muezzin. La volée de cloches des églises. Mais la sirène de Shabbat ? C’est l’une des rares manifestations sonores de l’appel à la prière pour les juifs.
Depuis le vendredi matin déjà, les Israéliens se souhaitent “Shabbat shalom”, qu’on pourrait traduire “Shabbat salutaire”, ou plus simplement, “bon Shabbat”. Puis, peu avant le crépuscule, une sirène retentit. Longue d’une minute, elle sert à prévenir de l’entrée quasi imminente en Shabbat.
Shabbat commence le vendredi soir quand le Soleil disparaît de l’horizon et se termine le samedi, au début de la nuit, au moment où trois étoiles se distinguent dans le ciel. Le respect des préceptes de ce jour de repos et de prière est obligatoire dans le judaïsme. Le Shabbat est la journée où l’on s’abstient de toute activité aliénante, dont le travail, pour se retrouver en famille, partager des repas, et prier.
L’horaire du coucher de Soleil varie de semaine en semaine. Un signal sonore est donc une solution pratique afin de faciliter à tous le respect de l’horaire de début. Cependant, seuls ceux qui le connaissent peuvent le distinguer. Il est nettement moins fort que le mugissement de la sirène de guerre. Ce sont les communautés ou les synagogues, majoritairement dans les quartiers orthodoxes, qui l’émettent. L’État et les municipalités ont cependant un droit de regard sur la pratique, afin d’éviter les abus.
Par respect pour la ville sainte, la coutume veut que la sirène sonne à Jérusalem quarante minutes avant Shabbat. Dans le reste du pays, vingt minutes. Une fois que la sirène a retenti, la femme du foyer allume deux bougies. L’une d’elles symbolise les prescriptions de la journée sacrée, l’autre, les interdictions. Il faut faire vite : il est notamment interdit d’allumer ou d’éteindre un feu pendant toute la durée de Shabbat, sauf danger pour la vie humaine.
La sirène existe donc afin d’éviter d’être pris de court par l’interdiction de nombreuses activités. Elle donne l’assurance de ne pas contrevenir à la loi juive en pensant que Shabbat n’a pas commencé. Ce temps “tampon” précédant le coucher du Soleil permet par ailleurs de se mettre dans un état d’esprit adéquat pour cette journée sacrée. Dans la même logique, pendant plusieurs minutes après la fin de Shabbat, de nombreux juifs continuent de respecter les obligations.
La sirène n’est pas le seul moyen utilisé pour avertir les fidèles. Au Mahané Yehouda par exemple, un juif orthodoxe sonne tous les vendredis soir une corne de brume, incitant les marchands à fermer leurs magasins.
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Merci à Gabriel Abensour d’avoir bien voulu répondre aux nombreuses questions de Terrasanta.net