Ca change des joutes de la Knesset. Netanyahu et Odeh échangent par vidéos interposées sur la question de la population arabe en Israël.
Dans une surprenante allocution filmée le 25 juillet, le Premier Ministre Benyamin Netanyahu a évoqué la situation des citoyens arabes d’Israël. S’exprimant en anglais et en hébreu (deux versions ont été filmées), le premier ministre est d’abord revenu sur des propos tenus lors de l’élection de mars 2015 où il avait exprimé la crainte que « le vote massif d’électeurs arabes soutenus par des militants de gauche ne mettent en danger la prédominance de la droite ».
Un an plus tard, après des excuses – jamais présentées jusqu’ici – pour ces « paroles mal comprises », le Premier ministre a appelé les arabes-israéliens à « prendre part à la société en masse, travailler en masse, étudier en masse et prospérer en masse ». Rappelant que les arabes comptent pour 20% de la population israélienne, Benjamin Netanyahu s’est félicité de leurs apports à la société « grâce à leurs nombreuses réussites » et s’est réjouit qu’ils aient investi des professions tels que « juge de la Cour suprême, députés, auteurs renommés, entrepreneurs, propriétaires de start-ups, médecins, pharmaciens… ». Le Premier ministre a enfin affirmé que l’Etat investissait massivement « dans les infrastructures publiques, les transports, l’emploi et les aides sociales à destination de la population arabe » et s’est engagé à maintenir cette tendance.
La vidéo n’a pas manqué de faire réagir les députés arabes de la Knesset : Ahmad Tibi a dénoncé une opération de communication visant la communauté internationale en pointant le caractère « ridicule » d’une déclaration en anglais à destination de la population arabe.
La réaction la plus remarquée est cependant celle d’Ayman Odeh, président du parti de la Ligue arabe unie : parodiant l’allocution filmée de Benjamin Netanyahu, il s’est déclaré « fier des succès de la communauté arabe malgré les discriminations, les privations et un Premier ministre qui incite régulièrement à la haine contre elle », s’étonnant que ce dernier mentionne ses auteurs renommés « alors qu’il est aujourd’hui interdit de les étudier à l’école ».
Il a également moqué le choix d’une allocution filmée du Premier ministre en rappelant que « les 100 000 Arabes du Néguev ne pourraient pas la voir dans leurs maisons dépourvues d’électricité et d’eau courante, sans parler de système scolaire organisé, de santé ou de routes goudronnées ». Il s’est dit d’accord avec Benjamin Netanyahu sur le constat que les arabes voulaient réellement faire partie d’un Israël démocratique comme partenaires des citoyens juifs «Nous sommes fils de cette terre, et nous voulons vivre dans un état démocratique et égalitaire (…) mais pas en tant que citoyens de seconde zone dans un pays raciste et occupé ». Relevant lui aussi avec ironie le choix de l’anglais dans la vidéo du Premier ministre, il a conclu en qualifiant d’ « hypocrisie » une allocution « que la population arabe ne peut pas croire ».