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Lana Rantissi: « La Terre Sainte a tout pour rendre ses habitants heureux »

Nizar Halloun
18 juillet 2016
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La foi de Lana est comme son sourire, contagieuse ©Nizar Halloun/CTS

Lana Rantissi, Palestinienne chrétienne, 22 ans, est comptable à Jérusalem et active dans les mouvements de jeunes chrétiens et dans les paroisses. C’est après avoir participé à la Marche franciscaine annuelle qu’elle s’est engagée dans la paroisse du Saint-Sauveur à Jérusalem.


« Je suis active dans plusieurs initiatives chrétiennes locales. Mes deux frères sont aussi dans cet esprit, c’est l’un d’entre eux qui m’a encouragée à m’inscrire à la Marche franciscaine.” La relation à la foi et à la religion est chez Lana une question personnelle bien ancrée.

“Chaque matin, avant de partir pour l’université je faisais une courte prière et je priais le chapelet en chemin.” Aujourd’hui cette habitude ne l’a pas quittée dit-elle. “Je considère le chapelet comme une arme en soi. Au cœur de la situation difficile que nous vivons, c’est certainement ma foi qui est mon lien le plus fort avec la Terre Sainte.” À ses yeux, l’appartenance nationale joue un rôle non-négligeable dans son lien avec le pays, mais c’est la foi qui le rend indéfectible.

“C’est ma foi qui me pousse à descendre à mon église préférée, l’église de ma ville, le Saint-Sépulcre. Quand elle me manque, je descends pour y prier, allumer une bougie pour ma famille et mes connaissances, et voir les pèlerins du monde entier.”

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Durant ses années d’études, elle a séjourné en Suède, une période où elle a vu la Terre Sainte à travers les yeux des autres. “En Suède, un jour que j’étais dans un bus avec une amie, j’ai rencontré une famille syrienne chrétienne. Ayant entendu notre accent palestinien, elle a entamé la conversation. Tous ont voulu nous toucher parce que nous venions de Terre Sainte – comme si nous étions nous aussi des saintes !”

“Ça me procure du bonheur. Quoiqu’il en soit de tous nos problèmes, nous avons de quoi être heureux car malgré tout le Christ est né, mort, et ressuscité ici, sur notre terre.”

Il faut être contagieux

Réaliste, Lana ne voit pas la courbe descendante du nombre de chrétiens en Terre Sainte se redresser dans les années à venir, mais pour elle l’enjeu n’est pas là. “Il est vrai que nous sommes peu nombreux, mais notre influence dépasse de loin les chiffres. Nous devons prendre conscience de cela et laisser une empreinte chrétienne aussi minime soit-elle. Comment ? Il faut être contagieux, cela commence par un engagement personnel qui tôt ou tard influencera les autres.”

A-t-elle pensé à l’immigration ? “Oui ! oui !” dit-elle avec un grand sourire comme pour dire “qui n’y a pas pensé ?”. “Il y a des choses que je n’ai pas pu faire. Peut-être est-ce de ma faute, ou celle de l’occupation… Certainement en émigrant je pourrais offrir à mes futurs enfants plus de liberté, plus de choix, plus de calme, une vie meilleure, ou pas d’ailleurs…” Mais Lana change de sujet, comme elle a balayé cette idée.

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“Comment laisser une empreinte ici ? Le volontariat est un bon début surtout pour les jeunes de mon âge. Lorsque j’étais à l’hôpital français Saint-Joseph, tous les autres volontaires étaient des étrangers. Où est la jeunesse palestinienne ? me suis-je dit. Si des volontaires viennent des quatre coins du monde nous pouvons le faire aussi… Le volontariat est un des moyens de laisser une trace positive.”

“La Terre Sainte a tout pour rendre ses habitants heureux, il n’y a qu’à le choisir. La stabilité n’est pas encore là et nous le savons. Rien de nouveau. Je ne peux pas pleurer constamment sur mon sort. Comment puis-je me permettre de ne pas aimer cette Terre autant que tous ces pèlerins qui y viennent du monde entier ? Eux, ils la prennent en photo, en souvenir, moi j’ai fait de cette Terre ma maison.”

Dieu nous a dit ‘aimez vos ennemis’

Les mouvements chrétiens pour la jeunesse, comme la Marche franciscaine ou les JMJ, encouragent la prière, la repentance, et la rencontre d’autrui. “La prière n’est jamais vaine surtout dans ce pays. Si la paix tarde à venir, elle deviendra réalité au moment propice.”

“Je suis accro à tout ce qui peut me rapprocher de Dieu et de la rencontre de l’autre dans un esprit d’unité, de joie, et d’amour. Et c’est ce qui me pousse à partir en Pologne.”

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La réputation de venir d’une terre en guerre ne trouble pas Lana. “C’est en ayant surmonté des circonstances difficiles que l’homme devient fort. Une belle personnalité n’est pas le résultat d’une enfance gâtée n’est-ce pas ? Malgré tous les conflits, nous avons encore de belles choses à créer et à partager… Dieu nous a dit ‘aimez vos ennemis’, apprenons ce qui est actuellement la langue de l’ennemi. Aujourd’hui nous le faisons à contre-cœur ou pour des raisons purement utilitaires, mais cela pourrait devenir une très belle chose à l’avenir.”

“En Terre Sainte nous avons de merveilleuses choses à partager avec le monde. Et si nous nous en avons, le reste du monde en a aussi. Nous voulons donc que le monde entier viennent chez nous, nous rendre visite aussi, pour communier à ce bel esprit d’unité !” 

Dernière mise à jour: 10/01/2024 20:28

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