En Jordanie, les autorités contrôlent méticuleusement les médias et Internet après l'assassinat de l'écrivain Nahed Hattar, tué le 25 septembre à Amman. Objectif : éviter que la haine ne se propage.
(Gs) – La magistrature jordanienne a imposé le silence aux médias nationaux suite à l’assassinat de l’écrivain Nahed Hattar (56 ans), tué le dimanche 25 septembre sur les marches du Palais de Justice à Amman. Le silence imposé – aux dires des autorités – est nécessaire à l’enquête en cours.
Après l’attentat la police a arrêté sur place, le meurtrier présumé, il n’aurait même pas tenté de s’échapper. Riad Abdullah, 49 ans, est désormais inculpé pour meurtre avec préméditation, un crime passible de peine de mort en Jordanie. Il sera jugé par la Cour de sûreté de l’État, un tribunal quasi-militaire.
Les enquêteurs tentent de clarifier tous les aspects de cette affaire mais avant tout le motif. L’homme arrêté réside dans les districts de l’est de la capitale jordanienne et serait déjà connu pour ses opinions extrémistes. Il se peut qu’il ait décidé de tuer Hattar après que ce dernier n’est diffusé sur sa page Facebook une caricature satirique à l’encontre des islamistes de l’Etat islamique qui asservissant Dieu pour leurs propres intérêts matériels. La publication de la caricature avait irrité les milieux les plus conservateurs et plongé Hattar dans de nouveaux ennuis judiciaires puisqu’il était sous accusation d’insulte au sentiment religieux. L’écrivain avait été arrêté à la mi-août et remis en liberté sous caution il y a deux semaines.
Le kamikaze aurait avoué qu’il se serait procuré l’arme à feu il y a quelques jours et d’avoir ouvert le feu sur Hattar à sa première apparition sur les marches du Palais de Justice. Une version qui est bien évidemment à vérifier.
Un attentat de ce genre – fréquent dans les pays asiatiques à majorité musulmane où les extrémistes font rage – est nouveau en Jordanie et les autorités ont tout intérêt à veiller à ce que cela ne reste qu’un cas isolé. En seulement quelques jours, les noms de dix citoyens ayant commenté l’attaque sur Internet par des positions incitant à la haine ont été rapporté à la magistrature. La surveillance des réseaux continuera promettent les responsables de la sécurité nationale.
Né dans une famille chrétienne, Nahed Hattar se professait incroyant. Il était un écrivain bien connu et n’épargnait pas ses critiques envers les islamistes. Polémique avec le gouvernement jordanien, selon la presse israélienne il abhorrait également le traité de paix signé en 1994 avec l’Etat hébreu. Dans les années 90, il avait, à plusieurs reprises, eu affaire à la justice et, en 1998, avait déjà échappé à une tentative d’assassinat. Il ne pouvait plus écrire dans les médias nationaux mais collaborait activement avec la presse étrangère, où il avait pu exprimer son soutien au mouvement libanais du Hezbollah et au président syrien Bachar al-Assad.