Les fêtes religieuses mentionnées dans la Bible sont les mêmes pour les juifs et les samaritains. Ces derniers célèbrent donc "Souccot" mais à leur manière.
Quand nous arrivons au Musée des samaritains de Kiryat Luza sur les pentes du mont Garizim, le prêtre Husney Cohen vient à notre rencontre appuyé sur sa canne. Nous sommes en Cisjordanie, non loin de Naplouse, et ici, vit l’une des communautés ethniques et religieuses les plus anciennes et les plus petites au monde. Les samaritains font remonter leurs origines à la fin du règne de Salomon. Si, du temps de l’Empire romain, la communauté comptait un million de fidèles, désormais elle rassemble 750 personnes en deux grands centres. Le premier sur le Mont Gazarim à Naplouse et l’autre à Holon près de Tel-Aviv. Mais une grande partie des Samaritains sont restés sur le Mont sacré Gazarim car, selon eux, c’est ici qu’Abraham aurait livré Isaac en sacrifice. Moïse lui-même leur ordonnant de protéger la montagne.
Les samaritains se considèrent comme israélites et se posent en dépositaires de la véritable religion juive, celle antérieure à l’exode de Babylone. Ainsi, ils vivent et observent littéralement les principes de la Torah, ce que les chrétiens dénomment le Pentateuque, écrit en hébreu samaritain. Ils n’acceptent pas le Talmud du judaïsme orthodoxe ni les livres postérieurs ou encore la tradition orale juive.
Les fêtes religieuses mentionnées dans la Bible sont cependant les mêmes et ainsi, en ces jours, Kiryat Luza célèbre Souccot, la fête des Tabernacles ou fête des Tentes, au cours de laquelle on célèbre, dans la joie, l’assistance divine reçue par les enfants d’Israël lors de l’Exode dans le désert.
Husney Cohen a 73 ans, grand et jovial, il est coiffé d’un chapeau violet. Il nous accompagne à la maison de son frère, Abdullah Tawfi Wassef, 82 deux ans, qui a été nommé grand prêtre en sa qualité de doyen de la famille Cohen. Husney Cohen explique que depuis toujours leur famille appartient à la tradition sacerdotale des Cohanim. « Depuis Adam jusqu’à mon frère 153 générations se sont succédées » partage-t-il. Lui et son frère sont maintenant assis sur un canapé de style arabe, sous une splendide « sukkah » – cabane – composée de cercles concentriques de citrons, grenades, et cédrat, le tout orné de feuilles de palmier, de myrte et de saule – les quatre espèces que Dieu avait ordonné au peuple juif de « prendre pour lui-même » lors de la fête de Souccot.
Mais la « cabane » samaritaine est bien différente de celles que l’on peut voir en Iraël, généralement construites en bois sur les balcons ou dans les jardins. Elle ressemble plus à un précieux baldaquin ornant le salon de la maison. « Il nous a été commandé de manger et dormir dans la sukka » explique Husney Cohen, « la construire à l’intérieur de la maison nous rend plus aisé le respect des commandements ».
Appuyé sur sa canne, Cohen continue de dérouler sa vie quotidienne entre terres palestiniennes et dimension spirituelle enracinée dans la tradition juive. Les samaritains sont considérés comme un pont de dialogue entre palestiniens et israéliens et ce grâce à leur triple nationalité – palestinienne, jordanienne et israélienne – qui leur permet une vie active en ces territoires interconnectés.