Selon les organisateurs, ce sont 25 000 femmes qui sont entrées hier dans Jérusalem, à pied, arrivant de Palestine et d’Israël avec une revendication commune : obtenir la paix.
(Jérusalem) – Shalom, salam, peace. C’est la devise des milliers de femmes réunies hier place Tsarfat à Jérusalem pour demander la paix. L’événement, organisé par Women Wage Peace, a ressemblé presque 25000 participants selon les organisateurs. Après avoir parcouru 200 km en deux semaines, parties du nord d’Israël, les protagonistes de la Marche de l’Espérance 2016 sont arrivées à Jérusalem. La raison de cette marche? Unir, unies, un pays encore trop divisé. Mais surtout marcher pacifiquement pour la paix entre Israël et la Palestine, guidées par l’espérance. Elles sont Israéliennes provenant des quatre coins du pays, elles sont Palestiniennes. Les unes à côté des autres, elle ne suivent aucun drapeau si ce n’est celui qui revendique « femmes pour faire la paix » en arabe et en hébreu. Il flotte au milieu de la foule, sous les fenêtres entrouvertes et encore illuminées de la résidence du Premier ministre israélien.
Un chœur de voix féminines qui chantent ensemble. Ainsi, entre danses et chants, la manifestation est aussi un moment de fête et convivialité. De plus en plus de personnes arrivent et il commence à y avoir trop de monde: les plus chanceux regardent du balcon et d’autres grimpent ici ou là pour mieux voir. Beaucoup de femmes sont descendues dans la rue en famille: dans un coin de la place Tsarfat, des enfants se réunissent pour jouer.
«Nous voulons la paix, une paix concrète. Nous voulons un vrai accord qui va tenir une bonne fois pour toutes», demande Tamah. Très jeune, elle vient de Tel Aviv et a participé à la Marche de l’Espérance avec des amies. Claire vient de Jérusalem et est en train de se frayer un passage dans la foule: «Je suis ici avec ma famille. On veut la paix entre Israël et la Palestine, une paix durable et solide. Je l’espère, bien sûr, mais je vous avoue que je reste assez pessimiste», elle sourit amèrement. Amuthal a marché jusqu’ici depuis la Galilée. Elle est plus confiante: «J’espère encore! Si on ne commence pas quelque part, qu’est-ce qu’on peut faire d’autre? Il faut au moins commencer».
Pendant ce temps, sur scène, la soirée est animée par les nombreuses protagonistes: aux témoignages s’alternent des chants en arabe et hébreu, dans l’attente du Prix Nobel pour la Paix de 2011 Leymah Gbowee. Originaire de la Libéria, elle a été parmi les organisateurs du mouvement pacifiste qui a abouti à la fin de la guerre de son pays en 2003. Qui pourrait porter un message d’espérance à cette place plus qu’elle? «Enough is enough, ça suffit! – débute-t-elle sous les acclamations – La paix est possible. Il ne suffit pas d’y croire, de l’attendre. Il faut travailler pour la paix. Aujourd’hui on est là pour cette raison».
Women Wage Peace est né en 2014, juste après le conflit de Gaza, créée par des femmes israéliennes et palestiniennes. Cette ONG regroupe aujourd’hui plus de 8.000 membres entre femmes arabes, juives et druzes. Elles dialoguent ensemble dépassant origines, religions et positions politiques différentes. Ensemble, elles demandent un accord à grand cris et d’être incluses, en tant que femmes, dans la négociation du processus de paix. Tout comme la Résolution 1325 des Nations Unies le mentionne, à laquelle elles se réfèrent. Depuis maintenant trois ans, elles organisent cet événement et d’autres en Israël. Ainsi, à Jérusalem, la voix des femmes s’est faite entendre. Habillées en blanc, de tout âge, palestiniennes et israéliennes ne se distinguaient pas. C’était qu’une définition. D’ailleurs, comme le maire de la ville palestinienne de Sakhnin a souligné hier : «Ramallah et Jérusalem, à quelques kilomètres l’une de l’autre, elles ne sont loin que dans nos têtes».
Hier soir, des milliers de personnes ont fait entendre leurs voix. Elles l’ont fait pour elles-mêmes, pour leurs familles, pour tous les enfants présents. Une femme a voulu raconter sa vie en contexte de guerre, en témoignant sur la scène. Elle a parlé au micro, sans jamais trop élever la voix, en veillant à ne pas réveiller son fils de quelques mois qu’elle portait dans les bras. Inconscient de ce qui était en train de se passer, des caméras qui le filmaient, il dormait. Quel avenir pour lui?