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Mettre fin à la tutelle masculine, la campagne qui dérange

Manuela Borraccino
11 octobre 2016
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En Arabie Saoudite, une campagne lancée sur Twitter a recueilli, en quelques semaines, des milliers de signatures. Elle réclame la fin de la tutelle masculine sur les femmes.

En Arabie Saoudite, une campagne a été lancée sur Twitter et elle a recueilli, en seulement quelques
semaines, des milliers de signatures (mais aussi nombre de critiques). Elle réclame l’indépendance totale des femmes vis-à-vis des hommes.


Avec le hashtag #StopEnslavingSaudiWomen (Mettons fin à l’asservissement des femmes saoudiennes), des milliers de signatures ont été recueillies en à peine quelques semaines en Arabie Saoudite. Et les vidéos qui racontent l’obscurantisme dans lequel vit la moitié de la société saoudienne sont dans l’instant devenues virales. La campagne lancée sur Twitter, mais devenue également très populaire sur Instagram, par l’écrivaine Hams Sonosi et l’association des Femmes saoudiennes contre l’exclusion (Saudi Women Against Marginalization) a rapidement attiré le regard des plus hautes autorités religieuses du pays et il est difficile de prédire la suite qui lui sera donnée. Ce n’est pourtant pas la première fois que les saoudiennes tentent de mettre fin au système de tutelle masculine en vigueur dans le royaume et qui demeure l’obstacle principal aux droits des femmes (en dépit des réformes annoncées ces dernières années), souligne l’association internationale Human Rights Watch dans un rapport datant du mois de juillet. Cependant, c’est peut-être bien la première fois qu’une campagne de ce genre, et ce grâce à Twitter, enregistre dans le royaume saoudien une si grande adhésion échappant aux canaux traditionnels de contrôle du gouvernement et transmettant un message de révolte et de mobilisation explicite à l’encontre de la tutelle masculine.

Depuis plusieurs années, les espoirs de la population féminine saoudienne sont nourris par l’augmentation de leur part dans la population active bien que le taux d’emploi des femmes demeure l’un des plus bas au monde avec environ 14% selon les données officielles. Le royaume compte cependant plus de 25 000 entreprises dirigées par des femmes. Bien que les femmes excellent dans de nombreux domaines, tels l’enseignement universitaire ou la finance, au foyer les saoudiennes continuent d’être des citoyennes de seconde catégorie, « mineures à vie » selon les mots de Human Rights Watch. De fait, une série de lois les placent dès leur naissance et ce jusqu’à leur mort sous la protection d’un « tuteur », qu’il soit père, frère ou époux. En tant que « gardien », ce dernier contrôlera les choix de la femme dont il est responsable : il déterminera quand elle pourra voyager et travailler, ouvrir un compte bancaire, faire appel à un tribunal etc. « Mon fils est mon mentor – exlique dans ce même rapport une femme de 62 ans – et cela est très humiliant ! Mon fils, celui que j’ai élevé, mon propre tuteur ».

La route est encore longue comme le démontrent les réactions vigoureuses, par messages interposés sur Twitter, de toute une partie de la société hostile à l’abolition du système de tutelle. Pour preuve, l’apparition du hashtag #SaudiWomenProudOfGuardianship (Saoudiennes fières de la tutelle de nos parents) posté par l’universitaire Amerah Saeidi qui estime que la suppression de la tutelle est contraire à la charia et que les quelques abus commis à l’encontre des femmes doivent être combattus avec les lois déjà existantes. 

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