Les aviez-vous remarquées ?
Au cours des siècles, elles ont été noircies par la fumée et endommagées par les produits acides avec lesquels elles étaient “nettoyées”. Pourtant on les distinguait encore si le guide savait attirer l’attention sur elles. D’un point de vue technique, il s’agit de peintures et non de fresques. Les dessins ont été réalisés directement sur la pierre, la méthode étant semblable à celle utilisée pour les icônes.
Financement
Afin de financer la restauration des colonnes, États, entreprises ou particuliers peuvent “adopter une colonne”.
Pour tout renseignement consulter le site www.nativityrestoration.ps) A ce jour 9 millions d’euros ont été récoltés pour la restauration de la basilique. Plusieurs États dont la France, l’Italie, le Saint-Siège, la Russie et l’Autorité Palestinienne ont participé, ainsi que des particuliers. Afin de mener le projet à son terme, il faudra encore deux ans et 7 millions d’euros. La basilique est classée au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2012.
30 colonnes peintes
Maintenant que toiture et mosaïques sont rénovées, les colonnes attendent l’arrivée des fonds nécessaires à leur restauration : 40 000 euros pour un nettoyage, chapiteau compris, 50 000 si la colonne est peinte. Une seule pour l’instant
a été restaurée.
Un pont entre Orient et Occident
La colonne restaurée a révélé la figure de saint Antoine le Grand (250-356). Les fissures de la pierre ont été comblées par perfusion. De chaque côté de l’auréole, le nom du saint écrit en grec à droite, et en latin à gauche. La moitié des saints représentés viennent d’Occident, l’autre d’Orient. L’église de la Nativité fait dialoguer en silence les deux poumons de la chrétienté.
Exploit technique
Ces architraves ont été fabriquées puis assemblées, comme des briques lego, pour former “une unique énorme poutre montée probablement à côté des colonnes et ensuite déposée par-dessus. Je ne sais pas bien comment !”, s’exclame incrédule Piacenti. Après avoir assemblé trois poutres séparées, on a fixé trois panneaux décorés servant de cadre. Cette poutre unique forme une chaîne qui a prouvé son efficacité lors des divers tremblements de terre.
Les chapiteaux : avant et après
“Le Nettoyage d’un chapiteau prend trois mois”, explique Marcello Piacenti en charge des restaurations. S’ils apparaissent gris foncé, en réalité ils ont été taillés dans un calcaire jaunâtre au VIe siècle et ont parfaitement résisté à l’épreuve du temps. Dans les replis des sculptures ont été retrouvées des traces de feuilles d’or. Cette décoration – qu’on n’imaginait pas – remonte probablement à l’époque des croisades, tout comme les peintures sur les colonnes.
Les décorations inattendues
Invisibles à l’œil nu, des traces de cuivre, d’or et d’arsenic indiquent la présence de couleurs. Parmi les différents types de sculpture du bois certains, “plus archaïques”, interrogent Piacenti et son équipe. S’agit-il de bois de la basilique construite par Constantin au début du IVe et détruite en 529 qui aurait été réutilisé ? Jusqu’ici on pensait que seules les mosaïques au sol de ce premier édifice avaient été conservées. Une étude chronologique au carbone 14 et une dendrologique apporteront des réponses.
Les architraves en cèdre du Liban.
“Ces architraves sont parmi les plus anciens éléments structurels de l’église”, fait observer Piacenti. Posés sur les colonnes et les chapiteaux, les linteaux, taillés en cèdre du Liban, remontent au VIe. Chaque architrave mesure 30 m de long, 60 cm de haut et 40 cm de large. “L’humidité due aux infiltrations de pluie avait par endroit atteint le bois et augmenté son poids”, explique Piacenti. Par endroit il a fallu évider l’intérieur de la poutre du bois pourri et la reconstruire. Cette phase fut suivie d’un long travail de polissage, qui n’a pas été simple, les linteaux ayant été autrefois peints ou couverts de plâtre.
Dernière mise à jour: 21/01/2024 22:45