Nouvellement installé dans le quartier de Talbieh, ce centre catholique accueille en journée les enfants de travailleurs migrants et de demandeurs d’asile.
(Jérusalem) -Dalia, une femme Philippine aux épais cheveux noirs, est arrivée en Israël en 2005. Elle a vécu deux ans à Haïfa, avant de s’installer à Jérusalem où elle est aujourd’hui femme de ménage. Tout en racontant son histoire une assiette en plastique à la main, elle cherche sa fille du regard.
C’est que la cour du centre Rachel grouille de monde – et particulièrement d’enfants – en ce 10 novembre : l’administrateur apostolique du Patriarcat latin, Mgr Pierbattista Pizzaballa, vient de bénir les nouveaux locaux de ce centre d’accueil pour enfants de migrants. « Ma fille adore se balader, et j’ai peur qu’une porte soit ouverte, souffle Dalia. Ne bougez pas, je vais la chercher ! »
La conversation se poursuit avec une autre maman, Anoucha. Cette Sri Lankaise, aussi femme de ménage, est arrivée en Israël en 2010. Elle avait entendu parler de ce lieu par une amie et a décidé d’y inscrire sa fille de 2 ans. « Ils s’occupent très bien d’elle ici », sourit-elle.
Pour ces migrants qui travaillent toute la journée, la prise en charge des petits relève du casse-tête. Il existe bien en Israël des crèches clandestines, mais elles sont souvent surpeuplées et mal encadrées : on les surnomme les « entrepôts de bébés ». Sept enfants y seraient morts récemment.
L’Église, par le biais du Vicariat Saint-Jacques pour les catholiques de langue hébraïque, a voulu répondre à ce besoin : des crèches ont ouvert à Tel Aviv et à Jérusalem en 2014. Il faut dire que parmi les 227 000 migrants et réfugiés actuellement présents en Israël, 150 000 sont chrétiens. A l’exception de trois bouddhistes, tous les enfants pris en charge au centre Rachel sont chrétiens. 27 bébés sont accueillis dans la journée, et une trentaine d’enfants viennent chaque après-midi après l’école, pour de l’aide aux devoirs, des activités périscolaires et des cours de catéchisme.
Depuis deux ans, ces enfants étaient accueillis à la paroisse hébréophone, mais il n’y avait là qu’une pièce. « Les jours de pluie, c’était impossible ! Les enfants ne tenaient pas en place, confinés dans cet espace », se souvient sœur Claudia, l’Italienne responsable des « grands » de 3 à 12 ans.
En septembre dernier, le centre a donc déménagé dans locaux plus grands, sur la propriété du couvent des Capucins du quartier de Talbieh. Ces locaux ont été rénovés par le Vicariat Saint-Jacques, avec l’aide de donateurs comme les Chevaliers du Saint-Sépulcre. Le centre a alors pris le nom de Sainte Rachel en l’honneur de la matriarche de la Bible, mère de Joseph et Benjamin.
Le jésuite David Neuhaus, en charge de la pastorale des migrants et réfugiés en Israël, met en particulier l’accent sur l’apprentissage de l’hébreu : sa priorité est de faciliter l’intégration de ces enfants dans la société israélienne.
Le week-end, des adolescents et jeunes adultes issus de familles de migrants se réunissent aussi pour des temps de partage et d’approfondissement de leur foi. Car si les chrétiens hébréophones d’origine étrangère sont de plus en plus nombreux en Israël, dépassant désormais le nombre de chrétiens arabes (130 000), certains sont tentés de s’assimiler dans la société israélienne laïque.