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À l’école du dialogue : rencontre avec les jeunes de Wi’am

Arianna Poletti
22 décembre 2016
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Apprendre à résoudre les conflits par le jeu, avec la non-violence comme idéal. C’est ce que propose le centre Wi’am de Bethléem soucieux de former en premier lieu les jeunes.


(Jérusalem) – «Make coffee or tea, not wall» – faites du café ou du thé, pas des murs – c’est la devise du Centre palestinien Wi’am pour la transformation des conflits (The Palestinian Conflict Tranformation Center) de Bethléem. À quelques mètres de distance, le mur c’est précisément ce que l’on voit depuis ses fenêtres, sous la pluie de décembre. Mais dans ce centre, une trentaine d’enfants souriant forment un cercle autour de l’enseignante, réunis dans une grande salle. Aujourd’hui, on apprend la non-violence. Entre jeux et discussions, les enfants dialoguent entre eux. Ils ont entre treize et quatorze ans, sept filles et vingt garçons. Ils sont en train de participer au programme nommé «Students resolving conflict through peer mediation» – étudiants réglant le conflit à travers la médiation par les pairs – qui regroupe 90 élèves de trois différentes écoles palestiniennes de Bethléem.

Ce n’est qu’une des nombreuses activités organisées par Wi’am, organisation locale en place depuis 1994. Comme nous dit le coordinateur du projet Wael Teineh, ils travaillent beaucoup « avec des jeunes étudiants, à l’école ou à l’université, mais pas seulement. Nous organisons aussi des activités avec les parents. Aujourd’hui ils sont environ une quarantaine à participer. De plus, il y a une formation avec une dizaine d’enseignants par chaque école, le tout animé par Wi’am». Quel est le but? Cette organisation poursuit de nombreux objectifs dans une direction commune. En impliquant les jeunes, les parents et les éducateurs, l’idée de Wi’am est celle de promouvoir le dialogue et la non-violence au sein de la société civile palestinienne. Pour ce faire, plusieurs programmes ont été mis en place. Wael explique que «le programme pour la jeunesse est fondamental: il s’agit d’une préparation pour les étudiants et entre étudiants. Ainsi, en cas de conflits et problèmes par exemple au sein de l’école-même, ils seront capables d’en parler et de les résoudre. C’est un investissement pour l’avenir, pour devenir les médiateurs de demain». À côté de ce programme, d’autres existent: un ensemble d’activités de loisirs pour les enfants, par exemple. Et pas seulement. Le coordinateur de «Students resolving conflict through peer mediation» explique combien souvent les enfants doivent faire face à des traumatismes. Il s’agit de situations délicates et Wael rappelle que la vie dans un contexte tel que Bethléem et ses environs souvent n’est pas facile. C’est pourquoi un programme de soutien a également été mis en place. Par ailleurs, la question du soutien aux femmes pour une égalité effective entre hommes et femmes est aussi fondamentale. Un « Women’s department » a ainsi été créé. Il s’occupe de la sensibilisation à la question pour «transformer la société, pour que chaque femme se sente en sécurité», nous dit Wael Teineh.

En classe, les adolescents en discutent et cherchent une réponse à cette question: qu’est-ce que le respect de la femme? Quelqu’un lève la main, les autres sont embarrassés. Pour briser le silence, l’enseignante propose un jeu. Et tout d’un coup les jeunes oublient leur timidité. « Ils apprennent à travers les exemples, parfois même des jeux. Rapidement et en s’amusant », explique Wael. Les voix et le rire, toile de fond à nos interviews, le confirment. Dix minutes, et la discussion reprend autour des diapositives proposées par Lucia, l’enseignante qui nous accueille en classe avec un chaleureux « ahlan w sahlan! » . « Aujourd’hui on parle de l’égalité entre hommes et femmes: il s’agit d’une question fondamentale. L’adolescence est le moment plus important pour en parler », explique le coordinateur du projet. Lucia entre-temps laisse souvent la parole aux adolescents, qui essaient de se plonger dans une question si difficile. «Développer l’art de la communication est fondamental, avec les étudiants et pour les étudiants. C’est la modalité pour le règlement non-violent des conflits et pour s’entendre avec l’autre » explique Wael. Ainsi, en classe on discute et on apprend à discuter. A partir d’études de cas réels, l’enseignante demande aux jeunes comment ils auraient agi ou ce qu’ils en pensent. « C’est très utile! » me chuchote à l’oreille le plus courageux des enfants, qui tient à me parler en anglais en se présentant comme « le premier de la classe ». Lui et les autres viennent de l’école de Beit Sahour et ils ont commencé à suivre ce programme en octobre. Wi’am travaillera avec ce lycée et celui de Beit Jala pour deux ans, en collaboration avec ATS Pro Terra Sancta, ONG au service de la Custodie de Terre Sainte qui les supporte chaque jour dans ce projet.

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