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A Damas les franciscains tiennent leur porte ouverte à tous

Andrea Avveduto, en Syrie
27 janvier 2017
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"La Syrie a toujours été une mosaïque de cultures et nous ne permettrons pas que la guerre la détruise", affirment les Franciscains de la Custodie à Damas qui aident, comme ils peuvent, les plus pauvres.


Dans l’église franciscaine près de Bab Touma (La porte de Thomas) à Damas, le dôme porte encore les signes des récents bombardements. Frère Bahjat Karakach, le supérieur du couvent, a échappé par miracle à l’explosion qui a endommagé le sanctuaire. Le centre paroissial où vit avec lui Frère Antoine Louxa est la première étape de notre voyage en Syrie.

Depuis les fenêtres, on peut voir les conséquences de la guerre dans la capitale syrienne, et la nuit, de temps en temps, entendre des bombardements au loin, de quoi avoir un sommeil léger. La situation, cependant, s’est beaucoup améliorée par rapport à celle des mois précédents. Le soir, les lumières illuminent une grande partie de la vieille ville et les Damascènes qui le veulent peuvent sortir, marcher, être avec des amis pour boire un verre en compagnie. Dans les anciennes ruelles de la première capitale du Califat, on voit encore les merveilles des temps passés. Parmi elles, des endroits précieux pour les chrétiens du monde entier.

Le mémorial de Saint-Paul est une autre étape importante dans le voyage pour découvrir les activités de la Custodie de Terre Sainte en Syrie. Sur une ancienne voie romaine, où la tradition veut que saint Paul soit tombé de son cheval (l’inscription se lit: locus Traditionalis conversionis S. Pauli Apostoli), se trouve l’un des endroits gardés par les frères franciscains. Avant la guerre, c’était un destination pour les milliers de pèlerins qui visitaient chaque année le pays. Aujourd’hui, du million de touristes en moyenne qui affluait en Syrie, il n’y a aucune trace. Les frères eux sont là, depuis des siècles, au nom et pour le compte de l’Eglise catholique, pour garder des lieux saints dans toute la Syrie (comme aussi par exemple, à quelques kilomètres de là au sanctuaire de la maison de saint Ananias).

A côté de cette activité de base, frère Bhajat explique comment les frères passent une grande parte de leur temps à aider ceux qui ont été irrémédiablement frappés par la guerre. Un travail soutenu à Damas par l’ATS Pro terra Sancta, l’ONG de la Custodie. « Cet hiver, nous avons distribué 800 vestes pour les enfants qui n’avaient rien pour se couvrir. » La pauvreté est grande à Damas. Et bien que les gens aient commencé à respirer, les difficultés rencontrées par beaucoup demeurent. Les Franciscains ne s’en détournent pas au contraire: « Nous soutenons une maternelle qui accueille les enfants des familles pauvres et nous initions également des projets pour ceux qui ont le plus de difficultés psychologiques. » Sœur Iole, qui dirige un jardin d’enfants à côté du sanctuaire de la conversion de saint Paul, raconte des épisodes qu’elle vit avec les enfants nés durant la guerre: «Certains d’entre eux demandent une double portion au moment du goûter du matin, mais ils n’en mangent rien car ils veulent pouvoir l’apporter à la maison pour leurs parents qui n’ont pas de quoi se nourrir. Leurs dessins représentent le plus souvent des missiles et des chars … à quatre ou cinq ans, leurs dessins devraient représenter autre chose non ? « . Ceux qui souffrent le plus sont les musulmans. « Ils vivent dans un perpétuel conflit ici en Syrie – continue le P. Bahjat – on ne réussit pas à le comprendre, on ne réussit pas à le dépasser, et c’est la raison pour laquelle on ne trouve pas le moyen de sortir de tout ce mal. » Mais pour Frère Raimondo Girgis, supérieur du Mémorial de Saint-Paul, quand quelqu’un vient demander de l’aide nous ne faisons pas de distinction. «Nous aidons quiconque le demande. La Syrie a toujours été une mosaïque de cultures et nous ne permettrons pas que la guerre la détruise».

Le modèle de coexistence proposé par les frères est la seule façon de recommencer aujourd’hui dans un pays déchiré par la haine et la violence. Comme nous confirme également le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie: «L’ouverture aux autres est notre carte de visite, c’est la seule façon que nous avons de faire la différence. Nous devons continuer dans cette direction, c’est notre porte de salut. Nous sommes le sel de ce pays « .

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