Les archéologues explorant l'énigmatique fort teuton ont également trouvé des projectiles mamelouks, ainsi que les flèches croisées.
(Jérusalem/n.h.) – Les Croisés allemands qui fortifièrent l’énigmatique ferme-château de Montfort, édifice en pierre massif en haute Galilée, auraient, pour une institution monastique, vécu dans le luxe, comme l’ont montré des fouilles récentes.
Le sultan Baybars, littéralement le « chef panthère », développa activement l’empire mamelouk. Parmi ses campagnes, menées depuis l’Egypte, il amena, le 8 juin 1271, une vaste armée pour assiéger le château teutonique sur les contreforts occidentaux de la Galilée. Ce fut le second siège monté contre la puissante forteresse.
Sous une pluie de projectiles tirés des trébuchets, les Croisés ont tenu la place pendant 15 jours avant de se rendre. De récentes fouilles dirigées par le Prof. Adrian J. Boas de l’Université d’Haïfa révèlent la vie quotidienne du château il y a 800 ans.
Dans les fouilles de cette année, les trouvailles de la forteresse incluent des fragments de mailles, des armures et des pointes de flèches, ainsi que des pièces de monnaie du XIIIe siècle, comme une grande quantité de vases de verre et des scories de fer d’une forge.
Il semblerait que les Croisés consacraient également du temps pour les loisirs: les archéologues ont trouvé un plateau de jeu du moulin, des pièces du jeu, ainsi qu’un atelier pour faire des boutons, noix d’arbalète et autres objets à base d’os. Les archéologues ont également découvert des ossements de porcs domestiques de type européen à l’intérieur du château, ainsi que des restes de tortues, cerfs, moutons et autres bétails.
De plus, la découverte de boucles de ceinture et de boutons de tunique fournit des informations sur les habitudes vestimentaires et de toilettage des Croisés au XIIIe siècle.
« Le but de la construction de ce château semble avoir été de déplacer une partie de l’administration de l’ordre, comme les archives et peut-être le trésor, d’Acre à un endroit plus isolé », spécule Boas.
En fin de compte, construit sur des terres que l’Ordre Teutonique acheté en 1229 à Othon de Hennebourg, gendre de Josselin III d’Édesse, servira l’Ordre pendant moins de 50 ans.
Bien que le sultan Baybars eût une réputation quelque peu brutale, après avoir conquis Montfort, il épargna sa garnison. Les chevaliers furent escortés en toute sécurité vers Acre, avec leurs archives et leur trésor. Peu après, cependant, le sultan fit détruire le château.
Les dernières fouilles ont également déterré des écuries près de la porte extérieure au nord. Les étables présentaient des planchers de drapeaux et un toit à poutres. Parmi les autres trouvailles se trouvaient des mangeoires, des pelles et des haches, des fers à cheval, des boucles de sellerie et des cloches.
« En 1271, le contrôle des Croisés sur la Terre Sainte s’achevait. Une grande partie de la côte avait été prise par le sultan Baybars, et les croisés ne contrôlaient plus la partie interne des terres. Montfort devenait de plus en plus une île isolée en territoire musulman », explique Boas.
Baybars a personnellement escorté les moines à Acre. Il est ensuite retourné, et en conformité avec sa politique de terre brûlée, pour détruire le château le 4 juillet. Le château fut alors abandonné et, laissé dans l’isolement glorieux sur son éperon rocheux, et n’a jamais été réutilisé.
►Terre Sainte Magazine a consacré un article de sa rubrique Zoom à Montfrort dans le numéro 640 de novembre décembre 2015