Abbas et le Pape se serrent la main à Rome lors de l'inauguration de l'ambassade de Palestine auprès du Saint-Siège, à quelques jours de l'arrivée de Trump et à la suite de la Conférence pour la paix de Paris.
(Jérusalem/AP) – L’Ambassade de Palestine auprès du Saint-Siège a officiellement été inaugurée le 14 janvier dernier. Le président de l’Etat de Palestine Mahmoud Abbas – en visite au Vatican pour l’occasion – a ainsi rencontré le Pape François. Cette ouverture officielle est consécutive à l’accord signé en 2015 entre l’Etat de Palestine et celui du Saint-Siège, peu après la reconnaissance de l’Etat de Palestine de la part du Vatican. Le président palestinien et le secrétaire général de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) se sont ainsi rendus à Rome. Pour l’occasion, Abou Mazen a voulu offrir au Pape un cadeau symbolique: une pierre du Calvaire, venant tout droit du Saint-Sépulcre. Pour sa part, le Pape a remis à Mahmoud Abbas la médaille du Jubilé de la miséricorde.
Ainsi, cette rencontre vient confirmer les bonnes relations entre le Saint-Siège et la Palestine. Il ne s’agit pas de la première rencontre entre les deux hommes : en 2014 le pape François s’était rendu en Terre Sainte et, un an plus tard, Abbas se trouvait au Vatican lors de la canonisation de deux sœurs palestiniennes. Ce 14 janvier c’était leur troisième rencontre. L’inauguration de la nouvelle ambassade rappelle l’urgence de négociations entre Israël et la Palestine. Du côté du Vatican, on peut lire dans le communiqué officiel rapporté par EuroNews l’espoir que « des négociations directes entre les deux parties puissent reprendre afin de mettre un terme à la violence qui cause des souffrances inacceptables aux populations civiles et de parvenir à une solution juste et durable ». Le Pape François s’est prononcé à plusieurs reprises pour une solution pacifique à deux Etats, comme l’avait déjà fait Pape Benoît XVI.
Selon l’ambassadeur de Palestine auprès du Saint-Siège Issa Kassissieh, l’ouverture de l’ambassade représente une « réalisation importante pour le peuple palestinien », comme il le rapporte à Al-Jazeera. Mais dans son discours aux journalistes, Mahmoud Abbas a rappelé l’intention de Donald Trump de déménager l’ambassade américaine à Jérusalem et il l’a aisni commentée : «On ne peut encore rien dire tant que cela ne s’est pas produit, mais si cela se produisait, ça n’aiderait pas le processus de paix. J’espère que cela ne se produira pas ».
Ce déménagement impliquerait signerait la reconnaissance par les Etats-Unis du statut de capitale à la ville occupée de Jérusalem, revendiquée également par l’Etat palestinien pour sa capitale. Selon le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, il ne s’agirait d’une « provocation » qui aurait des « conséquences lourdes », rapporte Le Monde.
L’inauguration de l’ambassade de Palestine auprès du Saint-Siège s’est déroulée la veille de la Conférence »Pour la Paix au Proche-Orient » de Paris. Dimanche 15 janvier, 70 représentants du monde entier, réunis dans la capitale française, ont déclaré soutenir la solution à deux Etats. Mais, de manière paradoxale, Israéliens et Palestiniens n’ont pas voulu être présents lors de la conférence qui les concernait. Ainsi, la confrontation n’a pas été « directe » comme le Saint-Siège le souhaiterait. Encore une fois, l’idée des deux Etats ne plait pas à Israël: selon le premier ministre Netanyahu cette conférence n’a représenté que les « derniers soubresauts du monde d’hier ». « Demain sera différent, demain arrive très vite », a-t-il ajouté en se référant à la prise de fonction de Trump, saut dans l’inconnu.
