La vue plongeante sur l’édicule en cours de restauration est rare. Si la photo ne répond pas à la question : Qu’a-t-on vu à l’ouverture du tombeau de Jésus ?, elle permet aux lecteurs déjà venus de mesurer combien les travaux de restauration de l’édicule sont contraignants pour le lieu saint. Aux pèlerins ne reste plus autour de l’édicule que ce petit couloir surchargé où l’attente pour entrer dans le tombeau se fait à l’aveugle.
On se réjouirait presque qu’il y ait eu ces derniers mois une baisse de fréquentation des pèlerinages. Grâce à Dieu, ils ont repris à peu près en novembre au point d’ailleurs qu’Israël a comptabilisé un nombre record d’entrées dans le pays pour ce mois. Et ces jours-là, vous n’auriez pas du tout aimé être dans la basilique qui rivalisait avec la plus bondée des rames de métro.
Gali Tibbon est l’auteure du cliché. Gali est une photographe israélienne. Elle se dit agnostique, mais voue une vraie tendresse aux communautés chrétiennes du Saint-Sépulcre. Gali a ses entrées dans la basilique, parce que durant des années, elle était plus pratiquante que les pratiquants, enchaînant les clichés des chrétiens dans ce lieu où elle a passé des heures et des heures à suivre toutes les liturgies. Gali a à ce point ses entrées que c’est la seule photographe professionnelle qui a pu entrer dans l’édicule durant les 60 h qu’a duré l’ouverture du tombeau. Elle est la seule à avoir assisté à la fermeture. Ayant passé la nuit du vendredi 28 au samedi 29 dans l’édifice avec les équipes de la professeure Moropoulou.
Mais il y a eu aussi, quatre photographes de la Custodie. Le frère Enrique Bermejo qui s’est rendu au tombeau et a pu y entrer tous les jours grâce à sa bure franciscaine, l’auteur de ces lignes qui a pu faire quelques images dans le noir complet à la seule lumière de son smartphone le 27 au matin, Nadim et Nizar qui y sont allés le 27. Avant nous, et au moment de l’ouverture un photographe du National Geographic, qui moyennant une exclusivité a eu la primeur des premières publications.
Devant le rocher, nous avons tous été confrontés plus ou moins à la même difficulté : l’extraordinaire résidait dans la banalité. Et un certain nombre d’entre nous, Gali comprise, a été bouleversé par le moment qu’ils vivaient. Donc visuellement et pour les lecteurs, tout ne sera peut-être pas fascinant. Pour les archéologues et historiens en compensation, nos clichés documentent pour la première fois ce que mille ans de récits de pèlerins n’avait pas su décrire. C’est quand même pas mal !
Dernière mise à jour: 27/12/2023 20:06