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Triste constat des évêques européens sur la Terre Sainte

Terresainte.net
19 janvier 2017
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En 2017, des membres de la Coordination des conférences épiscopales en solidarité avec l'Église en Terre Sainte en visite à Hébron © Mazur/catholicnews.org.uk

La 19e Coordination des conférences épiscopales en solidarité avec l'Église en Terre Sainte publie un communiqué final au ton fort. Pour quels effets ?


(Jérusalem/MAB) – Voilà cinq jours que les évêques désignés pour être membres de la Coordination des conférences épiscopales en solidarité avec l’Église en Terre Sainte parcourt la région. Et au moment de retourner vers leurs pays respectifs, le moins que l’on puisse dire c’est que le ton de leur communiqué final n’est pas à la plaisanterie. « Depuis cinquante ans la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza subissent une occupation qui viole la dignité humaine aussi bien celle des Palestiniens que des Israéliens. C’est un scandale auquel nous ne pourrons jamais nous habituer. »

S’ils ont vécu des temps de prière commun, s’ils ont célébré l’eucharistie au Saint-Sépulcre, pour autant, la session annuelle de la coordination n’a rien d’un pèlerinage tranquille. Pour les évêques qui représentent toutes les conférences épiscopales d’Europe et d’Amérique du Nord, il s’agit vraiment d’une session de travail.

Cette année n’a pas dérogé à leur rythme : Jaffa, Tel-Aviv à l’écoute de la question des migrants (il seraient 160 000 migrants chrétiens vivant légalement ou non en Israël [1]), Hébron avec l’ONG israélienne Breaking the Silence (Briser le silence) et son fondateur emblématique Yéhuda Shaul, entraînant une violente réaction cutanée des colons de la ville, Jérusalem-Est avec lr Amim, Gaza.

Au caractère choquant voire désespérant de ces situations, les évêques ont opposé la rencontre avec les acteurs d’initiatives courageuses promouvant le dialogue et le respect réciproque. Aucun des officiels rencontrés, diplomates, responsables des organismes catholiques de charité, acteurs de l’éducation et leaders chrétiens locaux ne le furent pour faire des politesses, mais bien pour chercher à comprendre et analyser ce qui se passe réellement sur le terrain.

C’est dans ce contexte que les mots du communiqué final pèse de tout leur poids. « Nous avons tous la responsabilité de nous opposer à la construction de colonies. » « Nous avons tous la responsabilité d’aider le peuple de Gaza », « Nous avons tous la responsabilité d’encourager la résistance non violente », « Nous avons tous la responsabilité de promouvoir une solution qui prévoit deux États », « Nous avons tous la responsabilité d’aider l’Église locale, ses services, ses bénévoles et ses ONG ». (Texte intégral ici).

Reste à savoir qui ce communiqué touchera vraiment et quel usage en feront les Conférences épiscopales représentées par cette commission. La plupart des pays européens sont empêtrés dans leurs crises respectives, l’Amérique du Nord a fait des choix politiques pour la région qui n’augurent rien de bon, la (quasi) absence de persécutions des chrétiens de Terre Sainte par les musulmans fait passer leur situation pour facile au regard des drames de la Syrie et de l’Irak et les chrétiens détournent les yeux bien aidés en cela par les médias qui aiment le sang, les larmes et la mort.

Treize évêques, souvent les mêmes d’une année sur l’autre, ont une connaissance aigue de la redoutable détérioration de la situation politique en général et des chrétiens en particulier. Mais les priorités du monde et des Eglises ne sont pas à se soucier du christianisme au lieu de sa naissance.  Dommage.

 


[1] 160 000 il n’y a pas d’erreur dans l le nombre de zéro. Il seraient bien cent soixante mille travailleurs migrants chrétiens vivant légalement ou non en Israël.

65 000 travailleurs migrants chrétiens originaires d’Asie, 35000 Africains demandeurs d’asile originaires d’Erythrée, eux aussi chrétiens, et 60 000 chrétiens de divers pays (d’Europe de l’Est pour l’essentiel), entrés avec un visa touristioque et qui n’ont pas quitté le territoire de l’État hébreux. Soit une communauté chrétienne supérieure en nombre à la « traditionnelle » communauté des chrétiens locaux, d’origine juive ou arabe, qui compterait 130 000 membres.

 

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