La loi visant la "régularisation" de la présence israélienne en Palestine a été approuvée hier par la Knesset. Elle divise l'opinion publique israélienne et reçoit de vives critiques de la part des Palestiniens.
(Jérussalem/ap) – Pendant les premiers jours de février le désormais célèbre avant-poste d’Amona en Cisjordanie a été – après des années de débats – évacué. La Cour Suprême israélienne le prévoyait depuis 2014. Un peu plus tard, le 6 février, la Knesset a approuvé la « Loi pour la régularisation » – Regularization Law ou Regulation Bill – dont même le nom est controversé. Elle permet à Israël d’exproprier légalement les terres privées palestiniennes dans les Territoires palestiniens. Ainsi, implantations et avant-postes sont légalisés a posteriori, et aucun de leurs habitants ne devra plus partir. Amona représentera-t-il le dernier exemple d’évacuation de colons en Cisjordanie?
La « Regularization Law » divise l’opinion publique israélienne. Certains courants de droite se félicitent de ce qui représente un nouveau pas vers le Grand Israël. Parmi eux, le ministre de l’éducation Naftali Bennett, fervent partisan de ce projet, et celui de la défense Avigdor Lieberman. Mais les voix critiques se font entendre contre cette loi déjà définie comme « inconstitutionnelle ». D’après le ministre Dar Meridor (du parti de droite Likoud pourtant) « les Arabes habitant la Judée et la Samarie n’ont jamais voté à la Knesset, donc elle n’a aucune autorité à légiférer pour eux. C’est à la base de la démocratie et de la loi israéliennes ».
Al Jazeera rapporte que les ONG Peace Now, Yesh Din et l’Association pour les Droits Civils d’Israël ont déjà fait connaître qu’elles saisiraient la Cour Suprême pour dénoncer une violation des droits des Palestiniens et donc l’inconstitutionnalité de la loi. Le même Lieberman reconnaît que, si il y avait saisine, « la possibilité que la loi soit bloquée par la Cour Suprême est de 100% ». Une loi qui légalise l’expropriation de terres privées et la présence de 4000 maisons en territoire palestinien viole clairement le droit international, qui juge illégal toute présence israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem Est. L’ex co-président de B’tselem Oren Yftachel souligne encore dans Haaretz qu’ « aucun Etat a le droit de légiférer au-delà de ses frontières ».
Du côté palestinien, la réaction de l’OLP ne se fait pas attendre: dénoncée comme «la légalisation du vol » des terres palestiniennes, cette loi prouve la volonté de « nier la paix et la possibilité d’une solution à deux Etats », rapporte Al Jazeera. Entre-temps, Bezalel Smotrich du parti de droite le Foyer Juif a remercié les Américains d’avoir élu Donald Trump. Même si le nouveau président des Etats-Unis a plusieurs fois souligné son soutien à Israël ( Make America and Israel great again! ) en campagne électorale, la Maison Blanche avaitt rappelé que « la construction d’implantations ne favorise pas la paix », pourtant depuis hier Washington garde le silence. Netanyahu rencontrera Trump le 15 février: le déplacement de l’ambassade d’Israël de Tel Aviv à Jérusalem est un autre point que devarit discuter les deux hommes.
Mis à l’écart par la nouvelle administration américaine, les Palestiniens ne peuvent qu’attendre.