Un jour Kevork, un arménien d’une soixantaine d’années, me dit : “Le monde arabe dans lequel je suis né n’existe plus.” Nous étions au paroxysme (espérons-le) de l’horreur dont Daesh, le soi-disant État islamique, faisait montre en Syrie, en Irak, en Égypte. Kevork a raison. Mais s’il était triste, il n’était pas abattu. Et pour ma part, je suis pleine d’Espérance.
Entendons-nous bien, nous sommes ici aux premières loges pour constater dans quelles ruines nous évoluons. Et il ne s’agit pas seulement de reconstruire ce qui tombe sous les bombardements, mais il s’agit de reconstruire des sociétés entières et tout ce que les conflits de la région ont blessé profondément dans les cœurs et les esprits.
Oui quelque chose s’est cassé ici, et la crise est profonde. Mgr Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarcat latin, a néanmoins écrit ceci dans les premiers jours de mars une lettre aux fidèles du diocèse : “Une crise peut être un lieu de mort, mais elle peut être aussi, avec l’aide de l’Esprit saint, le lieu d’une vie nouvelle, d’une renaissance dans l’Esprit, le lieu d’une Résurrection. Tel est notre engagement, notre espérance et notre prière.”
Et nous ne sommes pas chrétiens si nous pensons que ce renouvellement ne concerne que les chrétiens de cette région. Car si toute la chrétienté du Proche-Orient est entrée dans un nouveau cycle, une partie de l’islam avec elle. Certes de façon plus timide et d’autant moins visible que d’aucuns ne voulant pas y croire s’évertuent aussi à l’empêcher. Mais les sociétés musulmanes changent également et pas nécessairement pour le pire, pour peu que nous acceptions aussi de les y aider. Comment ? Le moins que l’on puisse faire comme chrétiens c’est de prier pour le monde arabe dans son ensemble, prier pour qu’il ouvre ses frontières au Christ.
Je vois que certains font non de la tête, je le vois de plus en plus souvent parmi les Français que je rencontre venant en pèlerinage ici. Pour certains, je suis inconsciente, je ne comprends pas “qui ils sont”, je ne réalise pas la situation de la France, je suis prête à vendre l’héritage chrétien, j’en passe et des meilleures. Inutile d’appeler le pape François à la rescousse qui est accusé de tous les maux. Essayons avec saint Jean-Paul II. Et que nous a-t-il dit le premier jour de son pontificat ? “N’ayez pas peur !” Et qu’est-ce qui venait directement derrière ? “Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ, à sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, des systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation et du développement.”
Si nous refusons de prier pour le monde arabe, n’est-ce pas le Christ que nous leur refusons ?♦
Dernière mise à jour: 16/01/2024 14:09