Un récent sondage mesure la propension de l’opinion publique israélienne d’accéder à un compromis avec les Palestiniens pour parvenir à la paix. Marges toujours plus étroites.
(G.S.) – L’opinion publique israélienne est-elle disposée à un éventuel accord de paix avec les Palestiniens ? Est-elle prête à voir la naissance d’un Etat palestinien à côté de celui d’Israël ? Moins que jamais à en croire les résultats d’un récent sondage commandé par le Centre de Jérusalem pour les affaires publiques (Jerusalem Center for Public Affairs), un institut israélien d’études et de recherches.
Le sondage réalisé par une enquêtrice confirmée, Mina Tzemach, a été mené via Internet sur un échantillon de 521 personnes (marge d’erreur maximale : 4,4%). Les résultats ont été publiés le 28 mars dernier.
Il en ressort une diminution drastique de l’adhésion à l’idée du retrait des troupes israéliennes de la Cisjordanie et de la création d’un Etat palestinien au côté d’Israël. Si en 2005, 60% de personnes étaient favorables au projet, elles ne sont plus que 36%.
Un nombre, lui aussi décroissant, celui des personnes souscrivant aux « Paramètres Clinton » (voir ci-dessous) qui pourraient être la clé pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Début 2005, 59% des sondés approuvaient ces paramètres, aujourd’hui, 29% y sont favorables.
41% de l’échantillon sont favorables à la division de Jérusalem en secteurs (israéliens et arabes), tandis que 52% sont contre. Mais si l’on évoque la possibilité de faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat palestinien, les opposants montent jusqu’à 59% et le nombre des personnes favorables baisse à 33%. 79% des sondés estiment essentiel de garder la ville sous souveraineté israélienne. Pour 15%, ce n’est pas important.
77% se prononcent contre le retrait de tous les territoires occupés. L’échange de territoires – à savoir, donner à un futur Etat de Palestine une partie du sol israélien en échange des colonies établies aujourd’hui en Cisjordanie -ne trouve pas davantage grâce aux yeux des sondés : si 29% ont dit oui, 64% répondent non. Il apparaît clairement que le critère décisif est la sécurité d’Israël : pour plus de 80% de l’échantillon, il est essentiel de garder le contrôle de la vallée du Jourdain et du territoire environnant l’aéroport international Ben Gurion, entre Tel-Aviv et Jérusalem, d’autant plus dans une période historique comme en ce moment, caractérisée par l’instabilité et les conflits au Moyen-Orient.
Le regressus de paix avance…
Les paramètres Clinton
Formalisés en décembre 2000 par le président américain de l’époque, Bill Clinton, les paramètres décrivent un certain nombre de critères – sur lesquels il existe encore un consensus au niveau international – qui pourraient servir de ciment pour la solution du conflit entre Israéliens et Palestiniens.
Les critères touchent toutes les questions cruciales en vue de la solution – considérée comme dépassée par beaucoup – « deux Etats pour deux peuples ». Clinton offrait une série de variables pour définir le territoire incombant aux deux nations. Au nom de la sécurité d’Israël, il était prévu un Etat palestinien non militarisé et des postes militaires israéliens situés à des points stratégiques. Jérusalem serait divisée en deux zones (arabe et juive) avec la souveraineté palestinienne sur l’Esplanade des Mosquées/Mont du Temple, et la souveraineté israélienne sur le Mur des Lamentations. Quant à la question des réfugiés palestiniens, les paramètres prévoyaient théoriquement la reconnaissance du droit au retour aux propriétés quittées après la guerre israélo-arabe de 1948 (année de naissance de l’Etat hébreux). Le principe trouverait cependant une application plus que symbolique en Israël. Une indemnité serait versée à ceux qui ne peuvent pas accéder de nouveau à leur propriété.