L’Unesco prévoit de reconnaître la valeur universelle du chemin parcouru par la Sainte Famille fuyant Hérode. Depuis 2014, un projet de circuit est défendu par le ministère du Tourisme.
Au pays des Pharaons, il n’y a pas que des pyramides et des momies. On y retrouve plus discrètement aussi le « Chemin de la Sainte Famille ». En effet, selon saint Matthieu, sous la menace du roi Hérode, Marie, Joseph et Jésus durent fuirent en Egypte. Et c’est précisément la route qu’ils auraient empruntée que l’Unesco s’apprête à inscrire au patrimoine de l’humanité. A peine le voyage apostolique du pape François achevé fin avril, la nouvelle a été rendue publique par l’Autorité pour le développement du tourisme égyptien, a rapporté l’agence Fides dans son édition du 17 mai 2017. Du reste, dès le 9 mai, le ministre du Tourisme égyptien Yehia Rashed s’était rendu au Vatican afin de présenter un programme intitulé « le voyage de la Sainte Famille » et de coordonner des actions futures entre les organismes du tourisme égyptien et l’Œuvre romaine des Pèlerinages.
A l’instar des « Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France », le « Chemin de la Sainte Famille », en figurant au patrimoine mondial de l’humanité, viendra s’ajouter à la liste des biens ayant un caractère religieux ou spirituel reconnus par l’Unesco (soit 20% des biens labellisés) pour leur « valeur universelle exceptionnelle » dans le monde. Comme pour anticiper, le pape François l’avait en d’autres termes souligné lors de son audience générale du 3 mai à Rome, quelques jours après son voyage auprès de la communauté copte meurtrie après les attentas de Tanta et Alexandrie. « Le grand patrimoine historique et religieux » de l’Egypte et « son rôle dans la région du Moyen-Orient » confèrent à ce pays « un devoir particulier », avait-il clamé.
Une manne nouvelle
Tout à la fois sentiers, paysages, patrimoine architectural, valeur immatérielle, le « Chemin de la Sainte Famille » constitue un bien patrimonial inédit. Et les égyptiens ne s’y trompent pas. Car le tourisme religieux qu’ils veulent développer est aussi et surtout synonyme d’une potentielle et intéressante manne nouvelle pour l’économie de leur pays. L’Egypte, qui revendique son statut de « terre sainte » connaît depuis octobre dernier un léger redémarrage de son secteur tourisme. Pays touristique par excellence, l’Egypte a vu son secteur dégringolé ces dernières années avec les différents troubles qu’il a connus liés au terrorisme ou à l’instabilité régionale. En septembre 2016, le pays du Nil ne comptabilisait que 3,5 millions de visiteurs, contre 14,7 millions en 2010, année précédant les « Printemps arabes ». Les attentats du 9 avril risquent cependant de porter encore un coup dur au secteur touristique.
Mais c’est sans compter la motivation de l’Egypte qui ne cesse de déployer ses forces pour redynamiser le secteur. Avec le lancement l’automne dernier d’une campagne internationale de promotion de la destination égyptienne pour un budget de 63 millions d’euros sur trois ans, le Caire espère relancer une mécanique vertueuse. En revue : promotions sur les voyages, baisse des taxes d’aéroport, dessertes depuis des aéroports de province, nouvelles fouilles archéologiques. Dernière en date, la découverte le 13 mai de pas moins de 17 momies dans des catacombes de la province d’Al-Minya, en Moyenne-Egypte, a annoncé samedi le ministère des Antiquités.
C’est aussi pourquoi, après deux décennies, les responsables politiques égyptiens pour le tourisme tentent de faire rentrer l’Egypte dans les circuits du tourisme religieux conscients qu’ils peuvent toucher les chrétiens du monde entier notamment pour la période de Noël, misant sur environ 500 000 pèlerins chaque année (voire 1 million). De fait, un parcours de pèlerinage a déjà été déterminé officiellement en octobre 2014, sur la base de sept étapes et calqué sur la mémoire de l’Eglise copte. L’itinéraire – approuvé par le pape des coptes orthodoxes Tawadros II – débuterait à Al-Arish, ville du nord du Sinaï, pour se diriger ensuite vers le delta et Wadi Natrum, pour atteindre Assiout et le Monastère de la Vierge Marie, connu aussi sous le nom de Monastère Al-Muharraq. Le but étant de dérouler ce pèlerinage à travers la découverte du patrimoine et de l’histoire copte, de l’Eglise des premiers siècles et de la naissance du monachisme. Sans oublier les inénarrables sites de l’Antiquité égyptienne s’égrenant au fil du plus long fleuve du monde.