Nouvelles découvertes archéologiques à Césarée, un site décrit dans « La guerre des juifs » de Flavius Josèphe.
(Jérusalem/n.h.) – Les fouilles et l’aménagement du site de Césarée sont l’un des plus grands projets archéologiques jamais entrepris en Israël. Les travaux réalisés dans ce cadre ont permis récemment de mettre à jour la base d’un autel construit en l’honneur de l’empereur Auguste et de la déesse Roma, ainsi deux grandes salles et un ensemble de murs et d’arches.
Lors d’une conférence de presse, la Fondation Edmond de Rothschild, la Société de développement de Césarée, l’Autorité des antiquités d’Israël et l’Autorité de la nature et des parcs ont présenté le projet consacré aux fouilles et à la réhabilitation du complexe d’entrée menant dans la ville depuis le port. Une zone construite par le roi Hérode il y a plus de 2 000 ans.
Fouilles à Césarée
Les chercheurs connaissaient l’existence d’un temple au sommet d’une colline au-dessus du port dans les écrits de Flavius Josèphe, historiographe romain d’origine juive. Le secteur du temple, consacré à l’empereur Auguste et à la déesse Roma, a été excavé. Il n’en reste pas rand chose. Comme c’est souvent le cas pour les espaces sacré, il a été remplacé par une église à l’époque byzantine, puis par un autre temple pour redevenir église à l’époque croisée. Dans les fouilles menées ces derniers mois, la base d’un grand autel qui se trouvait près de l’entrée a néanmoins été découverte. Ses fondations en pierre ont été exposées, ainsi que des bases en fer pour des autels plus petits et des trous pour insérer des bannières ou des torches, près de l’autel.
« Josèphe raconte comment les Romains qui ont conquis Jérusalem ont planté leurs bannières [les drapeaux des légions victorieuses] en face de la porte, suivis du rituel du sacrifice. Il pourrait s’agir d’un arrangement similaire », explique Peter Gandelman, qui dirige la fouille avec l’archéologue Mohammed Khater.
L’un des plus beaux temples du monde
Dans son livre « La guerre des juifs », Joseph compare le temple de Césarée aux plus beaux du monde. « Sur une colline en face de l’entrée du port se trouvait le temple de César, marquant par sa taille et sa beauté. Il contenait une gigantesque statue d’Auguste qui n’était pas moins magnifique que la statue de Zeus à Olympe, dont il est la réplique. Il y avait aussi une statue de Roma, égalant la beauté d’Hera à Argos », a-t-il écrit.
Sous le niveau sur lequel repose l’autel, les archéologues ont découvert deux grandes salles ouvertes sur la mer, ainsi qu’une série de petits arcs sous un grand escalier menant à l’autel. L’escalier et d’autres structures sont semblables à l’architecture autour du Mont du Temple à Jérusalem, qui a également été conçue par Hérode.
« Il n’y a aucun doute que Jérusalem et Césarée étaient les principales villes. L’esprit mégalomane d’Hérode plane au-dessus de Césarée », explique Dorn Ben-Ami, chef de la division centrale de l’Autorité des Antiquités d’Israël.
Le projet actuel comprend les fouilles et la conservation de l’ensemble du complexe, y compris la reconstruction de parties des bâtiments, dans le but de les intégrer dans le parc archéologique de Césarée. Le projet devrait coûter plus de 100 millions de shekels (25 millions d’euros), ce qui en fait l’une des explorations archéologiques les plus chères du pays. Le financement provient de la Fondation Edmond de Rothschild et de la Société de développement de Césarée.
Plusieurs découvertes plus petites ont été faites au cours de cette excavation. L’un des plus intéressants était un artefact juif, trouvé il y a quelques semaines à côté de l’autel païen. Il s’agit d’une petite tablette en nacre gravé d’un candélabre à sept rbranches, ainsi qu’une pelle de charbon rituelle, comme celle utilisée dans le temple de Jérusalem. Une statue d’un bélier, associée à l’église de l’ère byzantine, a également été trouvée à proximité, ainsi qu’un fragment d’une statue d’un homme barbu, identifié comme Asclépios, le dieu grec de la médecine. Plusieurs statues de ce dieu ont été trouvées à Césarée, mais c’était la première fois que sa tête était trouvée.
Pour Gendelman, il s’agit sans doute du projet le plus « complexe et intéressant » de ses trente ans de carrière. Certaines trouvailles sont en train « de changer entièrement notre compréhension de la dynamique de cette zone », a-t-il affirmé.
Les fouilles doivent prendre fin dans les prochains mois et les visiteurs pourront découvrir l’histoire de la cité grâce à un centre construit dans les voûtes antiques.