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Découverte d’une inscription de l’époque du Premier Temple

Christophe Lafontaine
22 juin 2017
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Utilisant une technologie d'imagerie avancée, des chercheurs de l'Université de Tel Aviv ont découvert une inscription « invisible » sur le fond d'un fragment de poterie datant de 600 ans avant notre ère.


C’est une véritable victoire sur les sables du temps ! Une équipe interdisciplinaire de chercheurs de l’Université de Tel Aviv en Israël a redonné vie à un texte antique datant de la période du Premier Temple. L’ostracon (morceau de poterie gravé à l’encre) remonte à la veille de la destruction du royaume de Judas par Nabuchodonosor, il y a environ 2600 ans. C’est grâce à une caméra multispectrale que cette découverte a été permise. Elle permet d’enregistrer en une seule prise de vue plusieurs longueurs d’onde et de rendre apparents – par des techniques de recombination – des détails qui sont invisibles à l’œil nu. C’est ainsi, par exemple, qu’il a été possible de détailler la méthode du fameux « sfumato » utilisée par Léonard de Vinci pour la Joconde.

L’étude scientifique concernant le tesson biblique a été publiée le 14 juin 2017 dans la revue Plos One, revue scientifique, éditée par la Public Library of Science. La face avant de l’ostracon avait été, par le passé, soigneusement étudiée. Son verso – cinquante années durant – avait été pour sa part considéré comme vide, a expliqué l’un des membres de l’équipe de chercheurs, Arie Shaus du Département de mathématiques appliquées de l’Université de Tel-Aviv. En utilisant la nouvelle technique d’imagerie, les chercheurs ont distingué plusieurs signes sur l’envers du morceau de poterie qui avait été découvert dans les années 60 et relégué dans les vitrines du musée d’Israël à Jérusalem. L’ostracon fait partie d’une collection de 91 pièces – retrouvées dans la forteresse de Tel Arad – qui compose le plus grand corpus d’inscriptions hébraïques existant de la période du premier Temple. Il s’agit essentiellement d’inscriptions administratives adressées à un certain Elyashiv (officier logistique de la forteresse) ayant pour objet la fourniture de farine, de vin et d’huile.

Les chercheurs ont donc au total pu déchiffrer sur le revers de la pièce, pas moins de cinquante caractères, comprenant dix-sept mots. « Le contenu du côté inverse implique qu’il s’agit d’une continuation du texte qui est sur le devant », a déclaré Shira Faigenbaum-Golovin du Département de mathématiques appliquées de Tel-Aviv et coauteur de l’étude. L’ensemble du message traite de transferts d’argent. Les inscriptions du verso récemment mises à jour, laissent découvrir une demande de vin, ainsi qu’une garantie d’assistance si le destinataire a ses propres demandes. Le message conclut sur une requête pour la fourniture d’une certaine marchandise à une personne non nommée, et une note concernant un « bain », une ancienne mesure du vin, portée par un homme nommé Ge’alyahu.
Dans le désert du Négev, « Tel Arad était un avant-poste militaire — une forteresse à la frontière sud du royaume de Juda — peuplé à l’époque de 20 à 30 soldats », explique le docteur Mendel-Geberovich du département d’archéologie de l’université déjà citée, qui a également participé aux recherches. Et au chercheur d’expliquer que « la plupart des poteries déterrées à Arad sont datées à environ 586 avant J.-C, à la veille de la destruction du royaume par Nabuchodonosor ».

  
Formidable potentiel de recherches

Grâce à ces récentes découvertes, les chercheurs ont pu identifier des mots nouveaux qui leur étaient jusqu’à présent inconnus. Et ces mots qui ne figurent pas dans la Bible sont « des mots qui s’ajoutent maintenant au dictionnaire hébraïque » se félicite le Dr. Mendel-Geberovich. Cependant, selon lui « l’important ne réside pas dans le texte lui-même, qui est une lettre administrative ». Et le chercher de prévenir : « Nous disposons de très peu de textes datant de la période du Premier Temple, et tout élément supplémentaire nous ouvre un univers et améliore notre compréhension de l’histoire, de l’économie et la langue de la période. » Désormais, les nouvelles technologies en imagerie augurent un formidable potentiel de recherches. Les scientifiques et archéologues ne vont pas gâcher leur plaisir de photographier selon la méthode multispectrale toutes les inscriptions hébraïques de la période du Premier Temple. « Nous voulons nous assurer que l’œil humain n’a manqué aucune autre inscription », se réjouit Arie Shaus. « Je pense que dans l’avenir la photographie multispectrale sera systématiquement intégrée à toutes les entreprises de fouilles archéologiques. Il est triste de penser aux inscriptions qui ont peut-être été jetées à la poubelle simplement parce qu’il était impossible de les distinguer à l’œil nu sur le terrain ». Barak Sober du Département de mathématiques appliquées a décrit quant à lui le projet comme une recherche en cours. « L’avenir peut nous réserver d’autres surprises », a-t-il déclaré. 

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