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Hébron bientôt inscrite au patrimoine mondial en péril ?

Christophe Lafontaine
28 juin 2017
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Les Palestiniens veulent placer Hébron sur la liste du patrimoine mondial en danger. La vieille ville qui abrite le Tombeau des Patriarches est l'un des 35 sites concernés par un vote de l'Unesco prévu début juillet.


Après Jérusalem, les Palestiniens présentent à l’Unesco une résolution sur Hébron. La vieille ville, et le Tombeau des Patriarches qu’elle abrite, pourrait devenir le troisième site culturel de « l’Etat de Palestine » à figurer sur la « Liste du patrimoine mondial en péril » de l’Unesco. En avril dernier, une demande de l’Autorité palestinienne visait à inscrire cette ville en tant que site palestinien protégé. En qualifiant le lieu comme menacé, l’Autorité palestinienne a fait accélérer en urgence l’ajout du site à la liste des 35 lieux sur lesquels le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco devrait se prononcer entre le 2 et 12 juillet. Pendant sa 41e session à Cracovie, en Pologne.

Déjà deux autres sites palestiniens sont venus grossir la liste dans le passé. Il s’agit du lieu de naissance de Jésus à Bethléem et du « paysage culturel du sud de Jérusalem », autour de Battir. De fait, les terrasses cultivées et le réseau d’irrigation sont classés au patrimoine mondial depuis 2014.

Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que la polémique est vive. Hébron sous tension permanente est une ville-symbole du conflit israélo-palestinien. Elle se situe en Cisjordanie, à trente kilomètres au Sud de Jérusalem. Elle est placée sous contrôle de l’autorité palestinienne. Cependant, une partie du centre de la ville ainsi que le caveau des Patriarches est sous contrôle militaire israélien. Considéré comme le centre spirituel de la ville de Hébron, le Tombeau des Patriarches est sacré pour les musulmans et représente le deuxième lieu saint des juifs. Le monument abrite des cénotaphes construits au-dessus de tombes attribuées aux patriarches bibliques Abraham, Isaac, Jacob et à leurs épouses Sarah, Rébecca et Léa. Un édifice accolé au mur sud-ouest abrite un cénotaphe attribué à Joseph. L’ensemble est considéré comme le centre spirituel de la ville de Hébron. Le lieu est divisé en une mosquée et une synagogue.

Etant donné la majorité automatique des Etats arabes dans les forums internationaux, la proposition palestinienne sera probablement acceptée, fait savoir le Times of Israel. Et comme le rapporte le Jerusalem Post, l’Autorité palestinienne réclame l’inscription des lieux sur la liste du Patrimoine mondial en péril de « l’Etat de Palestine » en raison de « détails alarmants concernant les violations israéliennes à Al-Khalil (Hébron), dont des actes de vandalisme, des dégradations et d’autres attaques ». De son côté Israël dément toute dégradation et y voit un geste politique sous couvert d’intérêts culturels. L’Etat hébreu a d’ailleurs pris une décision « de principe et de stratégie », a affirmé l’ambassadeur israélien à l’Unesco, Carmel Sharma HaCohen. « L’Etat d’Israël ne prendra pas part et ne légitimera aucun geste politique palestinien sous prétexte de culture et de patrimoine », a-t-il ajouté. Plusieurs associations juives ont déjà protesté contre le vote. « Ce n’est que la dernière action cynique des Palestiniens pour effacer l’histoire juive en transformant les lieux les plus saints du judaïsme, dont le Mur Occidental, le Tombeau de Rachel et le Tombeau des Patriarches en lieux musulmans », a déclaré le Centre Simon Wiesenthal dans un communiqué. Dans une lettre adressée à la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, la Conférence des présidents des organisations juives américaines a déclaré que les revendications palestiniennes sur Hébron « regorgent de fausses informations et d’accusations infondées », et l’a appelée à empêcher l’organisation du vote.

Position de VIP

Dans la perspective de ce vote de l’Unesco sur Hébron, Israël a fermé l’accès à la ville vendredi dernier à une mission d’enquête du Conseil international des monuments et des sites qui voulait accéder au lieu saint. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a de fait refusé de leur accorder les autorisations demandées. L’Etat hébreu affirme que la commission d’experts est une perte de temps. Les dés seraient selon lui déjà jetés. « Parce que, contrairement aux demandes des autres pays, où les opinions des experts ont un impact important, les Palestiniens se sont créés une position de VIP pour inscrire un site parmi les plus importants du judaïsme, par une campagne fondée sur des mensonges contre les Juifs et contre leur Etat », a expliqué l’ambassadeur d’Israël à l’Unesco.

Ce vote intervient alors que les relations entre l’Etat hébreu et l’Unesco sont pour le moins déjà froides. Pour mémoire, l’Unesco a adopté en mai dernier une résolution sur le statut de la ville de Jérusalem. Le texte stipule que « toutes les mesures (…) prises par Israël, une puissance occupante, qui ont altéré ou visent à altérer le statut de la ville sainte de Jérusalem » seront « nulles et non avenues et doivent être annulées ». Cette résolution dénonçait la loi d’annexion de Jérusalem-Est conquise en 1967 par Israël.

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