Jeudi 18 juin au matin, les bénédictins de Tabgha, gardiens du sanctuaire de la Multiplication des pains, ont été réveillés à 3 h 10 du matin par le feu qui ravageait l’atrium de leur église, et une partie de l’aile sud du cloître.
Un incendie criminel à en croire la signature en hébreu “Tu retrancheras les fausses divinités” extrait – mésinterprété au demeurant – de leur prière quotidienne.
Pour les chrétiens de Terre sainte, qu’ils soient en Israël ou en Palestine, la consternation le dispute à la colère. Comment l’État juif et démocratique laisse-t-il faire ? Puisque sur la cinquantaine d’actes antichrétiens de ces récentes dernières années en Israël, jamais personne n’est condamné. Les condamnations des autorités israéliennes se paient de mots. Il est temps qu’elles soient suivies des actes.
Admettons qu’on ne trouve pas les coupables. Quand se lèvera-t-on contre l’éducation à la haine ? Jusques à quand laissera-t-on des rabbins nationalistes exciter leurs troupes dans le rejet de tous ceux qui ne sont pas juifs ?
Si les juifs veulent que nous reconnaissions et combattions efficacement l’antisémitisme tant en Europe qu’ici au Moyen Orient, il s’agirait qu’ils ne se montrent pas aussi insensés que nous avons su si bien l’être et pouvons toujours être tentés de le devenir.
Mais las, je n’aime pas dire ’’les juifs’’. Ça ne veut rien dire ’’les juifs’’. Parce que ce jour-là j’ai vu bien des juifs se lever et eux aussi se mettre en colère contre leurs coreligionnaires incendiaires. Eux aussi s’interroger sur la façon dont la démocratie est en danger dans leur État. Nous leur en sommes reconnaissants. J’ai vu aussi des musulmans se soucier de nos lieux saints. Tout n’est donc pas perdu ni avec les uns ni avec les autres.
Alors de cette journée de stupeur, je ne retiendrai que les mains tendues, les paroles les plus belles et la prière du pape François dans son encyclique Laudato si’ qui sortait le même jour : “Ô Dieu, Un et Trine, communauté sublime d’amour infini, apprends-nous à te contempler dans la beauté de l’univers, où tout nous parle de toi. Éveille notre louange et notre gratitude pour chaque être que tu as créé. Donne-nous la grâce de nous sentir intimement unis à tout ce qui existe. Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de toi. Illumine les détenteurs du pouvoir et de l’argent pour qu’ils se gardent du péché de l’indifférence, aiment le bien commun, promeuvent les faibles, et prennent soin de ce monde que nous habitons.”
Dernière mise à jour: 19/11/2023 21:53
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