En attendant le numéro qui fera visiter l’intérieur des mosquées à la plupart de nos lecteurs, Terre Sainte Magazine vous guide sur l’esplanade.
Contemplée depuis le Mont des Oliviers, elle est devenue
un des symboles visuels de Jérusalem. C’est le lieu le plus saint
du judaïsme et le troisième lieu saint de l’islam. Partons à la visite de ses monuments.
L’esplanade des mosquées
Située dans Jérusalem-Est son accès est géré par un statu quo. Alors que l’esplanade compte neuf portes, sept sont réservées aux musulmans, une est murée, seule la porte dite des Maghrébins donne accès aux touristes à ses 144 000 m2.
Proche de l’ancienne cité de David, c’est sur cet entablement que fut construit le Temple de Jérusalem, incendié en 70 puis rasé définitivement par les Romains en 135.
L’empereur Hadrien y fit construire un temple à Jupiter Capitolin mais, lors de la période byzantine, l’esplanade fut volontairement laissée à l’abandon. Les chrétiens entendaient respecter la parole prophétique de Jésus :
“Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? Amen, je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit
Mt 24, 2.”
Ce fut après la prise de Jérusalem par les musulmans en 637 que commença la construction de certains monuments que l’on peut admirer aujourd’hui.
Le grand rabbinat d’Israël interdit l’accès de l’esplanade aux juifs afin qu’ils ne risquent pas de fouler l’ancien emplacement du Saint des Saints. Une recommandation dont se dispense un nombre grandissant de juifs nationalistes religieux.
Al-Kas, “la coupe”
La principale fontaine aux ablutions est située entre la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, au sud de l’esplanade. Elle sert aux lavements rituels des mains, des pieds et du visage que font les musulmans avant d’entrer dans la mosquée pour prier.
Construite à l’origine en 709 par les Omeyyades, elle fut agrandie pendant la période Mamelouk en 1327 par le gouverneur Tankiz pour qu’un plus grand nombre de fidèles puissent l’utiliser.
La fontaine est alimentée par l’aqueduc ottoman passant par l’arche de Wilson (reste de l’ancien pont reliant la ville haute au Temple). À l’époque hérodienne de nombreux canaux situés sur les collines entre Bethléem et Hébron alimentaient les “piscines de Salomon”, réservoirs d’alimentation en eau de Jérusalem encore visibles aujourd’hui. Les nombreuses citernes qui étaient reliées à cet aqueduc se trouvent toujours sous l’esplanade.
Al-Kas, littéralement la coupe, est située entre deux citernes souterraines qui ont pu aussi servir de mikvé (bain de purification juif) à la période du second Temple.
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Le minbar Burhan al-Din
En remontant vers le Dôme du Rocher par le sud, en haut du dernier escalier, se trouve la “Chaire d’été”.
Le minbar est une pièce essentielle du mobilier d’une mosquée. Il est utilisé pour le prêche du vendredi. Le minbar de Burhan al-Din est une exception dans l’art islamique puisqu’il a été spécifiquement conçu pour des prêches en plein air, lors de l’été, où les musulmans peuvent se rassembler par milliers pour la prière du vendredi.
Sa date de construction est inconnue, mais il a été restauré une première fois au XIVe siècle, sous la période Mamelouk, par le Qadi Burhan al-Dîn. Fabriqué à l’origine en bois et monté sur roues, il fut reconstruit en marbre et en pierre, avec de nombreux éléments architecturaux provenant des Croisés.
La Porte dorée
La façade extérieure peut être observée en marchant le long du mur est.
Ici le sol descend progressivement vers la vallée du Cédron ; le visiteur approche de ce double portail par un escalier. Les portes sont murées de chaque côté, avec juste de petites ouvertures sur la façade intérieure qui permettent d’accéder au bâtiment.
Il s’agit de la plus ancienne porte de l’enceinte actuelle de la vieille ville, datant probablement de la fin de l’ère byzantine, au VIe siècle et construite sur les ruines de la porte précédente.
C’était la seule porte qui permettait d’accéder directement au mont du Temple depuis l’extérieur de la ville. Jésus l’a donc empruntée, venant de Jéricho.
Fermée par les musulmans en 810, rouverte par les Croisés en 1102 elle fut définitivement condamnée en 1541 par Soliman le Magnifique pour des raisons défensives lorsqu’il l’inclut dans le mur d’enceinte. Cette condamnation peut aussi s’expliquer pour un motif religieux car selon la tradition juive le Messie rentrera par cette porte dans Jérusalem…
Il faut donc lui en interdire l’accès !
Transformée par les Ottomans en tour de garde, elle comporte au rez-de-chaussée une pièce divisée en deux allées qui mènent aux portes, appelées à droite Bab al-Rachmeh (porte de la miséricorde) et à gauche Bab al-Tawbah (porte du repentir). Le plafond voûté,
les colonnes et les arches sont d’époque byzantine.
On trouve aussi des restes hérodiens sur des pilastres de la façade intérieure. ♦
Dernière mise à jour: 24/01/2024 13:26