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Gaza, une crise humanitaire qui va de mal en pis

Christophe Lafontaine
12 juillet 2017
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Dix ans après la prise de pouvoir du Hamas sur la bande de Gaza, un rapport de l’Onu, publié mardi, alerte sur les conditions de vie des deux millions de gazaouis. De son côté, le Qatar confirme son aide au territoire.


Le constat est alarmant. La bande de Gaza, prison à ciel ouvert, suffoque. C’est la conclusion d’un nouveau rapport sur les conditions de vie dans l’enclave palestinienne, publié mardi 11 juillet 2017 par la mission locale de l’Onu. Contrôlée par le mouvement islamiste du Hamas depuis 2007 dans un contexte de conflit politique intra-palestinien, la bande de Gaza – surpeuplée et soumise au double blocus israélien et égyptien – est peut-être déjà « invivable », a avertit Robert Piper, responsable humanitaire de l’Onu dans les Territoires palestiniens. Robert Piper a ainsi déclaré à l’Agence France-Presse que tous les « indicateurs vont dans la mauvaise direction », dans une interview accompagnant la publication de la nouvelle étude. C’est pourquoi le rapport de l’Onu appelle Israël, l’Autorité palestinienne, le Hamas et la communauté internationale à prendre des mesures permettant des investissements plus durables pour le développement, une amélioration de la liberté de circulation des personnes et des biens, ainsi que le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international.

En amont, le rapport a pour ambition de faire le point sur certains indicateurs clés identifiés par une précédente étude de l’Onu publiée en 2012 qui prévoyait que Gaza deviendrait « inhabitable » d’ici 2020 si aucune des tendances sous-jacentes n’étaient inversées. Très clairement pour la mission locale les conditions de vie des deux millions d’habitants de la bande de Gaza se détériorent « plus vite » que prévu. L’indicateur le plus éloquent est la lourde pression démographique dans ce petit territoire dense et coincé entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée orientale. Pour indication, la population gazaouie a augmenté de 400 000 personnes depuis 2012, atteignant 2 millions de personnes fin 2016. Les projections se situent à 2,2 millions en 2020 et 3,1 millions en 2030.

D’autres réalités préoccupantes concernent notamment « l’accès à la santé, à l’énergie et à l’eau » dit le rapport. Selon l’ONU à Gaza plus de 95 % de l’eau de la bande de Gaza n’est actuellement pas potable. Le rapport souligne du reste que la seule source d’eau disponible de Gaza devrait être épuisée d’ici 2020, à moins que des mesures correctives immédiates ne soient prises. Robert Piper a aussi souligné la faiblesse de l’approvisionnement en énergie dans l’enclave palestinienne, où la fourniture d’électricité est tombée récemment à un minimum de deux heures par jour. Les soins médicaux ont également été réduits et le chômage des jeunes s’élève à plus de 60 %. Autre information éloquente : à titre de comparaison, la tendance sur le long terme indique un écart béant entre la Cisjordanie tenue par le Fatah de Mahmoud Abbas et la bande de Gaza : en dix ans, la première a enregistré une hausse du produit intérieur brut (PIB) par habitant de 48,5 %, tandis que cet indicateur baissait de 5,3 % à Gaza. Seule exception au sombre tableau : l’Education scolaire. Grâce notamment à l’ampleur des services fournis par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Gaza a pu maintenir des normes d’éducation élevées. Il en va de même pour les écoles chrétiennes dans le territoire. A noter cependant que la durée moyenne quotidienne des cours pour tous les étudiants ne dure pas plus de quatre heures par jour.

Le Qatar aidera Gaza malgré les pressions

Si l’ambassadeur d’Israël à l’ONU Danny Danon rejette dans un communiqué la responsabilité de la situation sur le Hamas, le Qatar, de son côté, a décidé de maintenir ses plans d’aide pour l’enclave palestinienne. La chaîne al-Jazeera a effectivement rapporté il y a quelques jours que l’envoyé du Qatar à Gaza, Mohammed al-Amadi, a réaffirmé vouloir aider les Gazaouis malgré les pressions de l’Arabie saoudite et ses alliés qui l’accusent de soutenir des groupes extrémistes et terroristes, dont le Hamas.  Pour mémoire, le 5 Juin, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont décidé de rompre toutes leurs relations diplomatiques avec le Qatar pour ses « liaisons dangereuses ». Le mouvement islamiste est considéré comme un groupe terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.  En dépit de cette mise au ban diplomatique, Mohammed al-Amadi a déclaré que l’émirat qatari continuerait à financer des projets à Gaza. Le Qatar avait promis un milliard de dollars pour la reconstruction de Gaza après la guerre de 2014 avec Israël, plus importante promesse de don émanant d’un seul pays. « La politique du Qatar est de soutenir le peuple et le gouvernement officiel. Nous ne soutenons pas le Hamas, nous soutenons le Hamas comme faisant partie du peuple palestinien », a précisé Mohammed Amadi.

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