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Jérusalem: réunion du conseil de sécurité de l’Onu lundi

Christophe Lafontaine
24 juillet 2017
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Face aux violences à Jérusalem et en Cisjordanie, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l’Onu se tiendra lundi 24 juillet. En jeu, la désescalade des tensions. Le Pape lance « un vibrant appel à la retenue. »


Deux Palestiniens sont morts samedi dans des affrontements près de Jérusalem. Au terme d’une semaine d’affrontements à Jérusalem et en Cisjordanie, le bilan fait état de huit morts. Cinq du côté palestinien, trois du côté israélien. Par ailleurs, deux Jordaniens ont été tués et un Israélien a été grièvement blessé lors d’une fusillade survenue dimanche 23 juillet dans l’enceinte de l’ambassade d’Israël à Amman. Selon les Israéliens, l’incident  est probablement lié à la crise de l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem. En tout état de cause, le Conseil de sécurité de l’Onu va se réunir lundi à la demande de la France, de la Suède et de l’Egypte pour examiner la situation extrêmement tendue autour de l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem. Cette réunion a pour ambition de « parler urgemment de la façon dont les appels à la désescalade peuvent être soutenus », a indiqué via twitter le représentant permanent de la Suède à l’Onu Carl Skau. Les représentants du Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne, Onu) pour le Proche-Orient ont appelé toutes les parties à « faire preuve d’une retenue maximale, à éviter les actions de provocation. » Après la prière de l’Angélus dimanche 23 juillet, le pape François a confié suivre « avec une certaine appréhension les graves tensions et la violence de ces derniers jours à Jérusalem. » Le Saint-Père a aussi  senti le besoin « d’exprimer un vibrant appel à la retenue et au dialogue » en invitant les fidèles réunis Place Saint-Pierre à s’unir à lui dans la prière « pour que le Seigneur inspire à tous des intentions de réconciliation et de paix. »

Depuis une semaine, les affrontements sont quotidiens entre fidèles musulmans et forces de l’ordre israéliennes. Au cœur des tensions, des détecteurs de métaux placés par Israël à l’entrée de ce site ultra-sensible, touché par un attentat meurtrier contre des policiers israéliens le 14 juillet. Les Palestiniens dénoncent vigoureusement cette décision unilatérale qu’ils jugent coercitive, craignant la mainmise d’Israël sur le site.

Face à cet accès de fièvre sévère, les médias nationaux suggèrent que Benjamin Netanyahu pourrait finalement refuser l’accès à l’Esplanade à des députés israéliens, malgré la promesse d’un test de cinq jours à compter de ce dimanche. De son côté, le ministre israélien de la Défense Avigdor Liberman a déclaré qu’Israël exigeait une condamnation rapide de l’attentat contre une famille israélienne de la part du président de l’Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas, a-t-il dit, doit « condamner clairement le massacre commis [vendredi] contre une famille innocente qui ne posait aucun danger à personne, un massacre terrible contre une famille au cours d’un repas de Shabbat. » Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, n’a fait aucun commentaire sur cette attaque. Il avait auparavant indiqué qu’il gelait tout contact avec Israël tant que les détecteurs de métaux ne seraient pas retirés du mont du Temple. Le Times of Israel rapporte que le parti au pouvoir de l’Autorité palestinienne a appelé samedi à une lutte continue pour « prendre le contrôle de la mosquée al-Aqsa. » Dans un communiqué envoyé aux partisans, le mouvement du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré que la « campagne pour Jérusalem a commencé efficacement et ira jusqu’à la victoire palestinienne et la libération des lieux saints de l’occupation israélienne », selon des propos cités par le site d’information israélien, Walla. Le Fatah a appelé à trois jours de deuil ainsi qu’à une grève générale en l’honneur des émeutiers morts.


Tache d’huile dans le monde musulman

Les événements de cette dernière semaine font craindre une reprise de la vague de violences (appelé Intifada des couteaux) qui secoue les deux camps depuis octobre 2015 et qui a coûté la vie à 287 Palestiniens et 47 Israéliens. Ces incidents avaient considérablement diminué ces derniers mois mais la dimension religieuse de ces dernières journées risque de leur donner un nouveau souffle. Cette escalade de violence, s’étend en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza – d’où a été tirée une roquette sans conséquences – et fait tache d’huile dans le monde musulman tout entier. Réagissant aux affrontements meurtriers de vendredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné samedi ce qu’il a qualifié de recours «excessif» à la force par Israël. A Istanbul mais aussi à Beyrouth au Liban ou Kuala Lumpur (capitale de la Malaisie), des mouvements de protestation ont eu lieu. En Jordanie, plus de 8 000 manifestants ont défilé vendredi à Amman et dans d’autres villes du royaume pour protester contre les nouvelles mesures israéliennes.


Le spectre d’une intifada ?

La tension maximale qui règne à Jérusalem et en Cisjordanie ravie aussi aussi le spectre des intifadas palestiniennes (soulèvements) de 1987 et 2000. Cité par le Times of Israel, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, estime que « cet incident a le potentiel pour déclencher de nouvelles violences. » Pour rappel, l’Esplanade des Mosquées fut le point de départ de la seconde intifada. Le 28 septembre 2000, sept Palestiniens avaient trouvé la mort dans des affrontements qui avaient suivi la visite sur ce site d’Ariel Sharon alors chef de l’opposition israélienne. Ces évènements ont précipité la seconde intifada. Avec l’installation des portiques de sécurité dimanche dernier, le directeur du conseil du Waqf, l’organisme chargé de la gestion des biens musulmans, Abdel Azim Salhab, estime que la fermeture de l’Esplanade a constitué pendant 48h vendredi et samedi 14 et15 juillet  la « pire agression depuis 1967 »  contre ce site, en allusion au début de l’occupation israélienne.

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