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L’Autorité palestinienne rompt les contacts avec Israël

Christophe Lafontaine
22 juillet 2017
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Après un vendredi noir, Mahmoud Abbas a annoncé le 21 juillet un gel des relations avec Israël. Exigeant le retrait des portes de sécurité installées par l'Etat hébreu autour de l'Esplanade des Mosquées.


A l’issu d’un vendredi meurtrier, le président de l’Autorité palestinienne (AP) a appelé à  suspendre les contacts avec Israël. « Au nom de la direction palestinienne, j’annonce […] un gel de tous les contacts avec l’Etat d’occupation » a-t-il annoncé vendredi soir. Et ce, ajoute-t-il, « à tous les niveaux, jusqu’à ce qu’Israël s’engage à annuler toutes les mesures contre notre peuple palestinien en général et à Jérusalem et dans la mosquée Al-Aqsa en particulier. » Israël n’a pas immédiatement répondu à l’annonce de Mahmoud Abbas vendredi soir, précise le Times of Israel. Le média israélien explique qu’il « n’était pas clair si la déclaration du président de l’AP sur le gel de ‘tous les contacts’ comprenait la coordination de la sécurité entre les forces de sécurité israéliennes et palestiniennes. » Car, pour rappel, il faut savoir que les forces de sécurité de l’AP et l’armée israélienne ont l’habitude de travailler de concert contre les attaques terroristes et autres violences.

La déclaration de Mahmoud Abbas intervient après que trois Palestiniens ont été tués et des centaines blessés après la prière du vendredi 21 juillet, lors de heurts à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée. D’autre part, dans la soirée, un Palestinien a ensuite poignardé trois Israéliens dans la colonie de Neve Tsuf au Nord-Ouest de Ramallah. Le Croissant rouge, les services de premiers secours palestiniens, ont fait état de 450 blessés à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Dans la bande de Gaza, où ont eu lieu aussi des affrontements au niveau de la frontière, 40 Palestiniens ont été blessés, dont sept par balles, selon des sources médicales.

Risque d’embrasement

Ce bilan qui fait craindre un embrasement étendu à la Cisjordanie est la conséquence d’affrontements qui ont eu lieu entre manifestants palestiniens et forces israéliennes alors que les deux parties continuent de s’opposer sur la question du maintien des détecteurs de métaux à l’entrée de l’Esplanade des Mosquées, à Jérusalem. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a plusieurs fois assuré ne pas avoir l’intention de modifier les règles tacites du «  statu quo » permettant aux musulmans de monter à toute heure sur le site et aux juifs de n’y pénétrer qu’à certaines heures, sans pouvoir y prier. Les Palestiniens – et ils n’en démordent pas – craignent de voir l’Etat hébreu prendre le contrôle exclusif du troisième lieu saint de l’islam, un site également révéré par les juifs sous le nom de Mont du Temple. Pour protester contre les portiques de sécurité, les fidèles ne prient plus sur l’Esplanade des Mosquées depuis dimanche dernier et le font en dehors du site. Des affrontements – souvent nocturnes –  avec la police ont eu lieu quasi quotidiennement durant la semaine écoulée. 

Hier, après avoir débuté à Jérusalem-Est, les heurts se sont propagés à la Cisjordanie occupée où, selon l’armée israélienne, 3000 Palestiniens se sont rassemblés en plusieurs points. Les affrontements les plus violents ayant eu lieu à Qalandya, près de Ramallah, et à Hébron. Dans ces deux villes, l’armée a répondu aux jets de pierres en utilisant des moyens anti-émeutes, a indiqué à l’AFP une porte-parole de l’armée.

L’installation de portiques de détection de métaux aux abords de l’Esplanade des Mosquées fait suite à une décision prise dimanche dernier par Israël après avoir fermé provisoirement le lieu saint pendant 48 heures. Une réponse directe à l’assassinat de deux policiers israéliens, le 14 juillet. Israël a affirmé que les armes des trois assaillants (qui ont été tués) avaient été cachées sur l’Esplanade des Mosquées. Site ultra-sensible s’il en est pour les musulmans comme pour les juifs. Jeudi soir, à la veille de la grande prière des musulmans du vendredi, le conseil de sécurité du premier ministre israélien avait décidé le maintien des détecteurs de métaux afin d’empêcher que des armes à feu puissent à nouveau être introduites sur l’esplanade.

De plus,  dans le but d’éviter des débordements à l’occasion de la grande prière hebdomadaire, habituellement suivie par une trentaine de milliers de fidèles, la police israélienne avait pris vendredi la décision d’interdire aux hommes de moins de 50 ans d’accéder à la vieille ville. Micky Rosenfeld, porte-parole de la police israélienne, a précisé que « ces mesures de sécurité seront observées aussi longtemps que nécessaire. » Déclaration faisant monter encore d’un cran l’extrême tension qui règne à Jérusalem.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a demandé aux Américains d’intervenir « pour éviter l’explosion ». La presse israélienne rapporte aussi que le Président de l’Autorité Palestinienne a déclaré qu’il avait parlé avec plusieurs chefs d’État, y compris ceux d’Egypte, d’Arabie Saoudite et du Maroc, et leur a demandé d’intervenir.

Le coordinateur de l’Onu pour les négociations de paix israélo-palestiniennes, Nickolay Mladenov, a quant à lui, lancé un appel au calme. La Jordanie, qui administre le troisième lieu saint pour les musulmans tente de mener une mission de médiation. De fait, la Maison Blanche qui s’est déclarée « très inquiète » a appelé Israël et la Jordanie à œuvrer ensemble pour trouver une solution. 

 

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