Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Nos ancêtres les Cananéens ou l’ascendance des libanais

Christophe Lafontaine
3 août 2017
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Une étude britannique publiée le 27 juillet 2017 conclut que les Libanais seraient des descendants des Cananéens bibliques. Ce peuple n’aurait donc pas été anéanti comme certains textes religieux le laissent supposer. 


Selon des généticiens, les Libanais contemporains sont des descendants directs des habitants de Canaan, la « Terre Promise » décrite dans la Bible. Les Cananéens n’auraient donc pas disparu, ils se seraient même installés au Liban !

C’est grâce à des fouilles archéologiques à Sidon, port du Liban, autrefois capitale du pays de Canaan que des ossements de cinq personnes identifiées comme d’origine cananéenne datant d’environ 3700 ans (1 700 av. J.-C.) ont pu être analysés. Les squelettes étaient enterrés dans des tombes bien structurées.

Des scientifiques de l’Institut Wellcome Trust Sanger en Grande-Bretagne dont les travaux ont été publiés jeudi 27 juillet dans l’American Journal of Human Genetics (AJHJ) ont en effet comparé l’ADN récupéré sur les susdits ossements datant de l’âge de Bronze avec celui de 99 personnes libanaises de l’époque contemporaine.

Les résultats ont révélé un « chevauchement large » entre le génome des Cananéens et celui des Libanais actuels. Plus de 90% de l’ascendance libanaise actuelle pourrait donc être originaire des Cananéens. Le reste relevant de différentes populations eurasiennes comme les Assyriens, les Perses ou les Macédoniens.

Continuité démographique

Selon les scientifiques, cette découverte réfute le récit biblique. Ils estiment en effet que la Bible « rapporte la destruction des villes cananéennes et l’anéantissement du peuple », s’appuyant sur le texte de Deutéronome 20:16-17. « Dans les seules villes des peuples que le Seigneur ton Dieu te donne en héritage, tu ne laisseras subsister aucun être vivant. En effet, tu dois vouer à l’anathème le Hittite, l’Amorite, le Cananéen, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen, selon l’ordre du Seigneur ton Dieu.»

Canaan est, faut-il encore le noter, le nom biblique général des pays dans la partie ouest du Proche-Orient, qui comprenait supposément la Phénicie ancienne, les pays des Hittites, des Amorrites et plusieurs cités-Etats indépendantes. Toutefois, selon le nouveau rapport, des preuves archéologiques ne viennent pas soutenir la destruction large des villes cananéennes entre les Ages de bronze et du fer.

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Par exemple, les villes côtières comme Sidon (ville qui aurait été fondée par Tsidone, fils de Canaan, lui-même petit-fils de Noé) et Tyr « montrent la continuité de l’occupation jusqu’à aujourd’hui.» Ce qui fait dire au docteur Claude Doumet-Serhal, coauteure et directrice du site d’excavation de Sidon que « pour la première fois, nous avons des indices génétiques montrant une continuité démographique dans la région depuis les populations cananéennes de l’âge du bronze à celles d’aujourd’hui. »

Mais pour le Rabbin Pinchas Winston, interrogé par Breaking Israel News, non seulement cette découverte ne réfute pas la Bible mais elle la confirme. « Malgré les commandements de la Torah, même dans les temps bibliques, les cananéens n’ont pas été anéantis […] Les israélites ont été autorisés à faire des accords avec eux, leur permettant de rester dans le pays. S’ils fuyaient en dehors du pays, ce n’était pas après avoir été chassés. »

Racines génétiques communes

Le rabbin reposant ses dires sur le Livre de Josué 17 : 12-13  « Mais comme les fils de Manassé ne réussirent pas à s’emparer de ces villes, les Cananéens persistèrent à habiter ce pays. Cependant, les fils d’Israël devinrent forts et soumirent les Cananéens à la corvée, sans toutefois réussir à les déposséder. »

Les Cananéens  sont mentionnés dans la Bible ainsi que dans des textes égyptiens et grecs. Il y a 5000 ans (3000 av. J.-C.), ils étaient installés dans une région qui comprend aujourd’hui Israël, la Palestine, le Liban, une partie de la Syrie et de la Jordanie. Dans ce Levant, le pays de Canaan est très commerçant et son influence est grande.

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Ses relations avec l’Egypte sont fortes. Ils ont introduit de nombreux aspects de la société que nous connaissons aujourd’hui : ils ont créé le premier alphabet, ont établi des colonies dans la Méditerranée. Mais on ne sait finalement que peu de chose car les Cananéens n’ont laissé que très peu de traces écrites, de rares tablettes d’argile portant des textes en cunéiforme. Après 2000 ans d’existence, ils disparaissent de l’histoire et laissent la place à leurs successeurs, les Phéniciens.

Selon les docteurs en génétique des populations, Marc Haber et Chris Tyler-Smith, en dépit des multiples croisements dus aux invasions et migrations qu’a connus le Proche-Orient, « l’ascendance cananéenne était répandue dans la région, et plusieurs groupes probablement culturellement différents partageaient le même fond ancestral. » Ainsi, les Ammonites, Moabites, Israélites et Phéniciens de l’âge du bronze, bien qu’ayant des pratiques culturelles différentes, partageaient des racines génétiques et ethniques avec les Cananéens.

Les chercheurs espèrent que la découverte des racines des Cananéens pourra aider les historiens et les archéologues à trouver d’autres traces de ce peuple biblique peu étudié et à révéler de nouveaux détails de leur histoire, de leur culture et de leur vie sociale.

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