La 72e Assemblée générale de l’Onu s’est ouverte le 19 septembre 2017 à New York. Au menu (entre autres) : l’accord sur le nucléaire iranien et un appel de l’Egypte pour la paix israélo-palestinienne. Tour d’horizon.
Entre discours officiels et rencontres bilatérales plus ou moins feutrées, la grand-messe des relations internationales ne se rate pas. Benjamin Netanyahu l’a bien compris. Devant les représentants de plus de 190 pays, le premier ministre israélien a une nouvelle fois dénoncé l’accord nucléaire conclu en 2015 entre les grandes puissances et l’Iran. Cet accord est également voué aux gémonies par le président américain Donald Trump. « Modifiez-le, ou abandonnez-le » a déclaré le Premier ministre israélien dans son discours à la tribune de l’Onu mardi 19 septembre 2017. Il a estimé que l’accord devait pour le moins être amendé, afin d’éliminer les clauses qui prévoient de lever avec le temps les restrictions au programme atomique de l’Iran. Selon Benjamin Netanyahu, cet accord ne vise pas à contenir les ambitions nucléaires et balistiques iraniennes mais au contraire permet à Téhéran de développer ses programmes en se cachant derrière l’accord.
Benjamin Netanyahu n’a pas manqué de féliciter Donald Trump pour son allocution anti-iranienne prononcée quelques heures auparavant sur la même estrade. « Au cours des 30 ans que j’ai passés aux Nations Unies, je n’ai jamais entendu un discours plus pointu ou plus courageux », a déclaré Netanyahu dans un communiqué, relayé par le Times of Israel. Le président américain a affirmé que « l’accord avec l’Iran était l’une des transactions les pires et les plus biaisées dans lesquelles les Etats-Unis soient jamais entrés.»
Dans son discours, le Premier ministre israélien a également condamné l’influence iranienne qui s’étend vers le sud du Moyen-Orient. « De la mer Caspienne à la Méditerranée, de Téhéran à Tartous (ouest de la Syrie, ndlr), un rideau iranien descend sur le Moyen-Orient », a déclaré « Bibi » qui a juré d’empêcher Téhéran de s’établir de manière permanente en Syrie. Comme le rappelle l’AFP, « l’Iran soutient le groupe chiite libanais Hezbollah qui intervient depuis plusieurs années en Syrie en soutien du gouvernement syrien, ainsi que le Hamas qui contrôle la bande de Gaza dans les Territoires palestiniens. » Ceci explique cela.
Turquie, Qatar, Egypte revisitent le conflit israléo-palestinien
Si l’hôte de la Maison Blanche n’a pipé mot – durant son discours – sur le conflit israélo-palestinien (ce qui est plutôt atypique de la part d’un président américain) et que Wladimir Poutine brille par son absence cette année à la grand-messe de l’Onu, la Sublime Porte ne s’en est pas privée. Le président turc a rappelé son attachement à la création d’un Etat palestinien. Prenant la parole mardi à l’Assemblée générale des Nations Unies, Recep Tayyip Erdogan a appelé la communauté internationale à « soutenir nos frères palestiniens en Cisjordanie et à Gaza dans leur lutte pour un Etat palestinien uni. » Les propos rapportés par le Times of Israel s’enchaînent : « la poursuite du processus de paix ne peut être possible que si Israël met immédiatement un terme aux activités d’implantations et entreprend des démarches envers une solution à deux Etats », a-t-il ajouté. De son côté, le représentant du Qatar, l’émir Tamim ben Hamad Al Thani a quant à lui tenu à déclarer qu’Israël constituait un « obstacle » à une « paix juste et durable » au Moyen-Orient. La paix ne pourra être réalisée « qu’à travers l’établissement d’un Etat palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem comme sa capitale », a-t-il ajouté.
Manifestant le désir de revenir sur la scène diplomatique de la région, le président égyptien a quant à lui appelé mardi dans son discours les Palestiniens à s’unir et « à être prêts à coexister » en paix et en sécurité avec Israël. Abdel Fattah al-Sissi a fait un appel similaire aux Israéliens, soulignant que des décennies de paix israélo-égyptienne (ndlr : depuis 1979) pouvaient être étendues aux Palestiniens « pour dépasser la barrière de la haine à jamais ». « Nous pouvons répéter cette expérience, cette avancée excellente une fois encore, ensemble avec la paix et la sécurité pour les citoyens palestiniens », a-t-il dit. « Un Etat indépendant palestinien » avec Jérusalem-Est en capitale est « une précondition nécessaire pour que la région entière entre dans une nouvelle phase de stabilité et de développement », a également fait valoir le président égyptien.
En marge de l’Assemblée générale
A noter qu’en marge des travaux de l’Assemblée générale des Nations Unies, le président égyptien et le Premier ministre israélien s’étaient rencontrés lundi, à la veille de leurs discours respectifs. Et ce, pour la première fois publiquement. Benjamin Netanyahou et Abdel Fattah al-Sissi s’étaient déjà rencontrés secrètement en 2016. L’agence de presse officielle MENA explique que les discussions ont été tenues pour tenter de mettre un terme à l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations de paix israélo-palestiniennes depuis 2014. Le président Sissi a par ailleurs rencontré séparément le président palestinien Mahmoud Abbas, les deux dirigeants décidant de continuer à travailler pour mettre en place la solution à deux Etats. A noter que le président de l’Autorité palestinienne doit s’exprimer mercredi à l’Assemblée générale de l’Onu à New York.
Cette rencontre entre les deux hommes intervenait dans le sillage d’un autre développement au Proche-Orient. Grâce à la médiation du Caire, les islamistes du Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007 ont annoncé dimanche dernier – à la suite de pourparlers de réconciliation avec le Fatah de Mahmoud Abbas – qu’ils allaient dissoudre l’instance dirigeante qui administre l’enclave palestinienne. Le Hamas attend désormais un geste du parti de Mahmoud Abbas alors que les deux mouvements palestiniens se déchirent depuis une décennie et que plusieurs tentatives de réconciliation ont échoué. Que ce soit pour des raisons politiques ou idéologiques. Selon RFI, le président de l’Autorité palestinienne avait assuré qu’il lèverait les sanctions prises à l’encontre de la bande de Gaza comme les privations d’électricité et la baisse des salaires des fonctionnaires, lorsque le comité administratif serait dissout et que le gouvernement palestinien pourrait à nouveau assumer ses responsabilités dans l’enclave contrôlée par le Hamas.
Dialogue des civilisations et des religions
Dans les arcanes de l’Onu, le président de la République du Liban, Michel Aoun, s’est entretenu avec le roi Abdallah II de Jordanie et le président palestinien. Mahmoud Abbas a souligné au président Aoun son attachement à la stabilité des camps palestiniens au Liban de sorte à ne pas nuire à la sécurité du pays, rapporte l’Orient-Le Jour. Par ailleurs, le président Aoun a évoqué, selon le quotidien libanais, les moyens de coopération avec Amman, notamment en matière de lutte antiterroriste. Le monarque jordanien a quant à lui exprimé le soutien de son pays au Liban aux niveaux sécuritaire, militaire et politique. Enfin, Michel Aoun s’est réuni avec la secrétaire générale de la Francophonie, Michaelle Jean, qui a manifesté son appui à l’idée de faire du Liban un centre de dialogue des civilisations et des religions. Il a été en outre question entre les deux interlocuteurs, conclut l’Orient-Le Jour, que le pays devienne un centre régional de la francophonie.