Vous pourriez croire que nous publions un dossier sur l’enseignement du christianisme à l’Université hébraïque de Jérusalem parce que c’est le numéro du mois de Septembre-Octobre et que plane encore dans l’air une ambiance de rentrée des classes et reprise des facs. Et vous aurez raison. C’est exactement la raison pour laquelle nous avons choisi ce temps de parution. Mais la question de la relation entre judaïsme et christianisme se pose tous les jours.
Au moment d’écrire cet éditorial, le pape a reçu à Rome une délégation de rabbins qui lui ont remis un texte intitulé : “Entre Jérusalem et Rome”. On ne connaît pas vraiment la teneur de ces 6 pages. Ni la liste des signataires. C’est important la liste des signataires, car un rabbin ne vit pas le christianisme de la même manière suivant qu’il réside en diaspora, où comme juif il est très minoritaire, ou s’il réside en Israël où le judaïsme n’a pas besoin du christianisme pour se penser ni mesurer. Et croyez-moi, cela change tout quand il s’agit de dialogue.
A l’occasion des 50 ans de Nostra Aetate, en 2015, j’avais réalisé une passionnante interview avec un spécialiste du dialogue entre chrétiens et juifs en Israël.
Pour que mon interlocuteur soit à l’aise avec la publication, je lui
donnai à relire avant parution. Après relecture, il me remercia d’avoir été si fidèle à notre discussion et dans un sourire désolé il me signifia l’interdiction de publier. Il n’y avait pas de place pour la négociation. J’ai encaissé. J’ai compris plus tard qu’il avait raison.
Puisque Terre Sainte Magazine depuis 96 ans dépeint la Terre Sainte dans une technique impressionniste, il faudra aller chercher de
nouvelles nuances, de nouvelles teintes, de nouveaux angles sur le judaïsme avant que d’aborder cette question précise. D’autant que la question religieuse et théologique est chahutée depuis bientôt 70 ans par la question politique venue brouiller les cartes, changer les repères.
Pour nous un repère demeure néanmoins : Jésus. Pierre d’achoppement, il est aussi celui en qui tout sera réconcilié. Jésus que David Flusser, pionnier de l’étude du christianisme dans l’État d’Israël et lui-même juif orthodoxe, nommait ainsi : “Mon maître et votre Dieu”.
Tous les espoirs sont permis.♦
Dernière mise à jour: 24/01/2024 13:47