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Second appel des Eglises au respect du Statu quo à Jérusalem

Christophe Lafontaine
4 septembre 2017
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Le 4 septembre 2017, les Chefs des 13 Eglises de Jérusalem alertent sur des violations répétées du Statu Quo qui compromettent l’intégrité de la ville sainte et le bien-être des communautés chrétiennes de Terre Sainte.
 


« [Les] efforts pour saper la communauté chrétienne de Jérusalem et la Terre Sainte n’affectent pas une seule Eglise; ils nous touchent tous. » Voilà en substance l’objet d’une seconde alerte des Eglises de Terre Sainte en moins de deux mois. En cause : les violations du Statu Quo, qui, à Jérusalem régit les Lieux Saints et assure les droits et prérogatives des Eglises. En somme, un ensemble de règles « universellement reconnu par les autorités religieuses et les gouvernements, et, toujours soutenu par les autorités civiles de notre région », expliquent les Patriarches et Chefs des 13 Eglises et communautés chrétiennes de Jérusalem dans un message commun publié le 4 septembre sur le site du Patriarcat latin. Parmi les signataires, on compte Théophilos III, Patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa, Administrateur apostolique du Patriarcat latin, et le Père Francesco Patton, Custode de Terre Sainte.

Déjà le 19 juillet 2017, dans une déclaration conjointe, les Eglises de Jérusalem avaient exprimé leur « sérieuse préoccupation » quant aux tensions qui avaient alors lieu autour de l’Esplanade des Mosquées et partageaient leur crainte de voir toute modification du Statu Quo à Jérusalem par Israël. De fait, suite à l’attentat du 14 juillet contre deux policiers israéliens, le Premier ministre de l’Etat hébreu, Benjamin Netanyahu avait de fait ordonné d’y renforcer les mesures de sécurité en installant caméras et détecteurs de métaux, sans consulter le Waqf, l’organisme chargé des biens musulmans sous autorité jordanienne et en coordination avec les autorités palestiniennes. Depuis, les portiques de sécurité ont été retirés.

Plus récemment l’affaire de la Porte de Jaffa a suscité d’autres remous. Un jugement prononcé le 1er août 2017 par le tribunal de district de Jérusalem a statué que les baux emphytéotiques (locations de très longue durée qui équivalent de facto à une vente) conclus il y a une quinzaine d’années entre le Patriarcat grec-orthodoxe et l’organisation israélienne Ateret Cohanim étaient bien valides et qu’il n’y avait pas de traces de corruption. Trois bâtiments historiques du quartier chrétien sont concernés. Ils appartiennent à l’Eglise grecque-orthodoxe, dont l’hôtel Petra et l’Imperial Hotel, ainsi qu’un immeuble résidentiel dans la Vieille Ville, dans le secteur de la Porte de Jaffa. Pour information, Ateret Cohanim est une organisation ultra-nationaliste juive œuvrant pour l’occupation  juive à Jérusalem-Est, fondée en 1978. Elle a pour objectif le rachat de maisons palestiniennes en faveur de colons juifs israéliens. Les transactions se font dans la plus grande discrétion. Ateret Cohanim est accusée de participer à un processus de « judaïsation » des quartiers historiquement musulman, chrétien et arménien de la ville sainte. La décision de justice du 1er août  « a dépassé toutes les limites » et « ne peut être expliquée que par des motifs politiques », s’était alors indigné le Patriarche orthodoxe Theophilos III. Affirmant que les trois contrats étaient illégaux et que ces acquisitions avaient été conclues dans des circonstances frauduleuses, le haut dignitaire religieux avait dénoncé dans une rare conférence de presse le 13 août dernier à Amman ce jugement « partial » et « politique ». Et lui d’avoir ajouté que la décision de justice « non seulement affecte le patriarcat mais frappe aussi le cœur du Quartier chrétien de la Vieille Ville […] et aura certainement des effets négatifs sur la présence chrétienne en Terre sainte. »

« Agressions supplémentaires »

L’union faisant la force, les Chefs des Eglises chrétiennes de Jérusalem se disent aujourd’hui « résolus et unis » dans leur opposition « aux actions de la part de toute autorité ou groupe qui portent atteinte aux lois, accords et règlements qui ont ordonné [leur] vie depuis des siècles. » N’hésitant pas à qualifier d’ « agressions supplémentaires » toute entorse « sur les droits que le Statut Quo a toujours garantis.»

Ces atteintes – aux yeux des 13 Chefs des Eglises et représentants des communautés chrétiennes de Jérusalem – menacent d’affaiblir la présence chrétienne dans la ville sainte et de toucher à son intégrité. Ainsi, considérant comme « injuste » le verdict rendu dans l’affaire des biens immobiliers de la Porte de Jaffa contre le Patriarcat orthodoxe, ils redisent leur opposition aussi « à tout projet de loi de la Knesset politiquement motivé qui restreindrait les droits des Eglises sur [leur] propriété. »

Dans une annonce publiée en août dans le journal palestinien Al-Quds, le patriarche grec-orthodoxe s’était engagé à faire appel devant la Cour suprême israélienne du jugement rendu sur ses propriétés et avait affirmé vouloir « [mettre en œuvre] tous les efforts et tous les moyens juridiques et financiers pour annuler cette transaction. » Lui emboîtant le pas, les chefs des Eglises chrétiennes se déclarent « unanimes à soutenir » cette action.

Et de poursuivre sur un ton – on ne peut plus appuyé – qui vaut avertissement : « nous affirmons dans les termes les plus clairs possibles qu’une communauté chrétienne vigoureuse et énergique est un élément essentiel dans la composition de notre société diversifiée, et les menaces pour la communauté chrétienne ne peuvent qu’accroître les tensions préoccupantes qui ont émergé dans ces derniers temps troublés. » Appelant les fidèles du monde entier ainsi que les chefs de gouvernement et toutes les personnes de bonne volonté à les soutenir, les Eglises chrétiennes de Jérusalem insistent : « nous ne pouvons pas souligner assez fort la situation très grave que ces récentes attaques systématiques sur le Statu Quo ont eu sur l’intégrité de Jérusalem et sur le bien-être des communautés chrétiennes de Terre Sainte, ainsi que sur la stabilité de notre société. »

 

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