L’Agence vaticane Fides, dans son édition du 10 novembre 2017 s’est émue d’un nouvel appel à la violence contre les coptes égyptiens. Le message, lancé la semaine dernière, émane d’un organe de propagande djihadiste.
D’une violence sans nom. « Les coptes en Egypte doivent être frappés en tant que combattants infidèles et leurs églises sauter ». L’agence de presse vaticane Fides relaie dans son édition du 10 novembre, ces sinistres menaces qui planent à nouveau – on pourrait dire toujours – sur les chrétiens d’Egypte. Au motif qu’ils ne respectent pas la charia (‘voie’ conventionnellement mais partiellement reconnue comme loi islamique). Les propos émanent de la Fondation Wafa Media, organe de propagande djihadiste considéré comme affilié au réseau du prétendu Etat islamique (EI). L’agence Fides explique que pour ces radicaux islamistes, les coptes « n’acceptent pas la condition de soumission imposée aux chrétiens dans les sociétés islamiques. Ils continuent à construire des églises et même à promouvoir des chaînes de télévision pour diffuser le message chrétien.»
Depuis le début de l’année 2017, une vague d’attentats et d’assassinats a causé des centaines de morts au total. Pour rappel, le 9 avril, lors du Dimanche des Rameaux, les attentats contre deux églises coptes – l’une de la région de Tanta et l’autre à Alexandrie – ont fait 45 morts et plus de 130 blessés. Le 26 mai, une attaque terroriste contre un autobus de pèlerins dans le gouvernorat de Minya a causé la mort de 28 coptes. Le groupe Etat Islamique avait alors assuré que d’autres attaques cibleraient la communauté chrétienne. Les coptes avaient déjà été victimes d’un attentat à l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul du Caire, qui avait fait 24 morts en décembre 2016. Chaque fois, Daesh a revendiqué ces attentats. Tout récemment encore, il y a un mois, le 12 octobre 2017, un prêtre copte-orthodoxe a été assassiné à l’arme blanche, au Caire. Ces violences ont poussé une partie des coptes à trouver refuge au Liban ou en Jordanie. Une stratégie de l’EI pour gagner du terrain en Egypte, notamment dans la région du Sinaï, où sept coptes ont été tués en janvier et février.
Les coptes représentent l’une des plus importantes communautés chrétiennes du Proche-Orient, environ 10% de la population en Egypte qui s’élève à plus de 90 millions d’habitants. Ils sont devenus la cible privilégiée du groupe terroriste Daesh. Faisant partie des infidèles ou qualifiés de « croisés » par le groupe terroriste, les coptes sont aussi directement assimilés à l’Occident dans la propagande de l’EI. Le groupe Etat islamique s’en prend également aux coptes pour diviser le peuple égyptien.
Des chefs d’Eglises pour un second mandat d’al-Sissi
Le 12 octobre dernier, le président égyptien a prolongé pour trois mois et pour la deuxième fois l’état d’urgence déclaré en avril. Si son régime est très critiqué par les défenseurs des droits de l’Homme qui estiment qu’il a muselé toute forme d’opposition, il a parallèlement donné des signes à l’adresse les chrétiens en Egypte. Certaines églises détruites sous le régime de Mohamed Morsi ont été reconstruites avec l’aide de l’armée et Abdel Fatah Al-Sissi s’est rendu plusieurs fois dans des lieux de culte copte afin d’afficher son soutien à la minorité chrétienne. Le président égyptien revient régulièrement dans ses discours sur l’identité nationale égyptienne qu’il juge inséparable de sa minorité chrétienne.
Les prochaines élections présidentielles égyptiennes sont prévues en mars 2018. Elu en 2014 après la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi, le maréchal Sissi n’a cependant pas révélé s’il comptait ou non être candidat à un second mandat. S’il se présente, selon l’agence Reuters, il affrontera l’avocat défenseur des droits de l’Homme Khaled Ali, célèbre pour avoir mené une bataille judiciaire contre le régime.
D’ores et déjà, a rapporté il y a une vingtaine de jours l’agence Fides, des intellectuels et des personnages publics égyptiens ont commencé à s’engager dans la presse et sur les réseaux sociaux en faveur de la réélection du président al-Sissi. La campagne intitulée « Nous sommes tous avec vous pour l’Egypte » a recueilli des déclarations de soutien de la part de représentants des Eglises locales. Parmi les signataires, l’évêque copte orthodoxe Jeremiah, responsable du Centre culturel copte, a souhaité mettre en valeur les réalisations et la contribution du chef de l’Etat à la stabilisation du pays. L’Evêque copte catholique émérite de Gizeh, Mgr Antonios Aziz Mina, a aussi apporté sa signature. Il a voulu souligner dans sa déclaration qu’Abdel Fattah al-Sissi avait été le premier président égyptien à visiter la Cathédrale copte orthodoxe à l’occasion de Noël. Le pasteur évangélique Sami Ayad, professeur de théologie, et Ikram Lamai, Président du Conseil de l’église évangélique ont rejoint les rangs des soutiens.