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Netanyahou renonce – pour le moment – au « Grand Jérusalem »

Christophe Lafontaine
1 novembre 2017
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Faute de « préparation diplomatique », le gouvernement israélien a décidé de surseoir le vote prévu dimanche 29 octobre d’un projet de loi sur le « Grand Jérusalem ». Une « annexion de fait » décriée par ses opposants.


Le « Grand Jérusalem », ce n’est pas pour maintenant. Israël a gelé ce week-end un projet de loi controversé. En clair, il était prévu qu’un vote ait lieu dimanche en conseil des ministres sur un texte dont l’objectif avéré est de renforcer la majorité juive à Jérusalem. Le texte vise en effet à incorporer à la municipalité de Jérusalem des colonies israéliennes de Cisjordanie se trouvant au sud et à l’est de la ville. Etendant les limites de la municipalité au-delà de leur tracé actuel.

C’est sous l’insistance des Etats-Unis qui avancent que le texte pourrait compromettre les efforts de paix au Proche-Orient, que le Premier Ministre israélien a de nouveau demandé que le texte ne soit pas présenté dimanche au Comité ministériel sur la législation dont le but aurait été de faire accélérer le processus législatif en ouvrant la voie au débat parlementaire. « Il y a une pression de la part des Américains qui font valoir qu’il s’agit d’une annexion et que cela entrave le processus de paix », a déclaré David Bitan, président de la coalition gouvernementale à la Knesset, sur la radio de l’armée, indique l’agence Reuters. « Le Premier ministre ne pense pas que c’est une annexion. Je ne le pense pas non plus. Nous devons prendre le temps de clarifier les choses avec les Américains. De sorte que si le projet est approuvé dans une semaine ou dans un mois les choses seront moins problématiques », a-t-il ajouté. L’initiative, soutenue par le premier ministre, Benjamin Netanyahou, et son ministre des transports et du renseignement, Yisrael Katz nécessiterait donc une « préparation diplomatique » auprès de la Maison Blanche,  a indiqué un responsable israélien sous le couvert d’anonymat à l’AFP.

Dans les détails, le projet de loi propose que des colonies de Cisjordanie comme Gush Etzion, Efrat, Betar Illit et Ma’ale Adumim (considérées comme illégales par la communauté internationale), passent sous la juridiction de la municipalité de la ville de Jérusalem. Pour autant, le texte n’y autoriserait pas l’élargissement de la souveraineté israélienne.

Les colonies autour de Jérusalem (certaines se trouvant au cœur de la Cisjordanie, à plus de 10 kilomètres de la ville sainte) représentent une population estimée à 150 000 personnes qui, tout en gardant une certaine autonomie, pourraient voter dans la circonscription de Jérusalem aux élections municipales pour désigner le maire et son conseil. Inversement, comme l’explique le Times of Israel, dans le cadre de ce projet de loi, environ 100 000 personnes d’origine arabes vivant dans les quartiers palestiniens à l’extérieur de la barrière de sécurité entourant la ville disparaîtraient des listes de recensement de la ville et une nouvelle municipalité serait créée pour eux.

La solution à deux Etats sujette à caution

Concrètement, cette initiative ferait pencher la balance démographique officielle de Jérusalem en faveur de la communauté juive et « rendrait à Jérusalem son statut de symbole », selon le préambule de la proposition de loi. L’Etat hébreu revendiquant l’ensemble de Jérusalem, y compris la partie orientale de la ville, comme sa « capitale unifiée et éternelle. »

Le projet de loi, parce qu’il compromet la construction d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale a bien sûr suscité une levée de boucliers de la part des Palestiniens. De fait, sur le terrain, Ma’ale Adoumim ou Gush Etzion, coupent littéralement Jérusalem-Est de la Cisjordanie.

Le projet de loi ainsi que les récents agissements israéliens « représentent la fin de la solution à deux Etats », c’est-à-dire la création d’un Etat palestinien coexistant avec Israël, a estimé il y a quelques jours Hanane Achraoui, une dirigeante de l’organisation de libération de la Palestine (OLP) dont l’AFP a rapporté les propos. Pour information, les derniers agissements dont il est question font référence à l’approbation en milieu de semaine dernière par les autorités israéliennes de la construction de 176 logements dans la colonie de Nof Zion, créée il y a six ans en plein cœur du quartier arabe de Jabel Moukaber situé à cheval sur Jérusalem-Est (annexée) et la Cisjordanie occupée. Le 18 octobre 2017, l’Etat hébreu a approuvé 1323 logements supplémentaires pour colons en Cisjordanie, portant à 2646 le nombre d’unités d’habitation validées en trois jours, en territoire palestinien occupé. Notamment à Hébron (31 logements), ce qui n’était pas arrivé depuis 2002. L’ONG israélienne (mouvement pour la paix israélo-palestinienne) Shalom Akhshav (La Paix maintenant) a aussi vertement marqué son opposition. En tant que tel, le texte ne stipule pas que les colonies seraient « annexées » à Israël, mais « adjointes » à Jérusalem, mais « si elle est adoptée, cette loi constituera une annexion de fait et un pas résolu vers une annexion de droit », a-t-elle estimé. L’ONG l’a qualifiée « d’initiative dangereuse d’un gouvernement qui semble déterminé à détruire la possibilité de la solution à deux Etat».

Pour rappel, le Saint-Siège a réitéré tout récemment « son soutien à la solution des deux États indépendants, convaincu que c’est la seule option qui permette la coexistence pacifique d’Israël et de la Palestine », a déclaré Mgr Bernardito Auza. Le nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, est intervenu lors du débat ouvert du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, à New York, 18 octobre 2017.

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